HenriNdongo. 3 ans. âil n'y a pas de vĂ©ritĂ© absolue â est une opinion. Elle ne peux donc ĂȘtre qualifiĂ© absolument de vrai , car une opinion n'Ă©tant par dĂ©finition Ă©tayĂ© sur des faits ne peut ĂȘtre garanti vrai. Jean-Marc Deleglise. Les diplĂŽmes c'est pour rire, l'expĂ©rience c'est du sĂ©rieux.
Cesdeux attitudes excessives ne sont pas bibliques. La vĂ©ritĂ© devient dure si elle nâest pas adoucie par lâamour, et lâamour devient faible sâil nâest pas renforcĂ© par la vĂ©ritĂ©. LâapĂŽtre nous exhorte Ă conjuguer les deux, ce qui, pour des chrĂ©tiens remplis de lâEsprit, ne doit pas ĂȘtre difficile puisque le Saint-Esprit
Labombe atomique qui ravagea Hiroshima avait une puisÂsance de 13 kilotonnes et celle de Nagasaki de 22 kiloÂtonnes. LA BOMBE ATOMIQUE. Elle est la bombe nuclĂ©aire-type, la premiĂšre qui ait Ă©tĂ© inventĂ©e. On lâappelle aussi bombe A ou bombe Ă fission. Une quantitĂ© Ă©norme dâĂ©nergie est libĂ©rĂ©e en une fraction de seconde par une fission en chaĂźne dâUranium
Direla vĂ©ritĂ© Ă lâun et la refuser Ă dâautres est la porte ouverte Ă une absence totale de vĂ©ritĂ© dans nos Ă©changes. Dâautre part, la vĂ©ritĂ© nâest ni bonne, ni mauvaise en elle-mĂȘme. Câest ce quâon en fait et notre maniĂšre de la recevoir qui peuvent lâĂȘtre. Au-delĂ de ces considĂ©rations quotidiennes, dire la
Deplus, si la Chine a ratifiĂ© la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide, elle ne reconnaĂźt pas non plus la compĂ©tence de la Cour internationale de justice â ce qui nous a posĂ© problĂšme lors de l'examen de la proposition de rĂ©solution relative Ă la condamnation des crimes perpĂ©trĂ©s contre les OuĂŻghours. Ă cet Ă©gard, nous savons que la
Dissertation: Peut-on soutenir que la vĂ©ritĂ© n'existe pas ?. Recherche parmi 274 000+ dissertations Par lyloubbb âą 30 DĂ©cembre 2019 âą Dissertation âą 962 Mots (4 Pages) âą 305 Vues Page 1 sur 4 Outils pour lâexpression et lâargumentation Exprimer son opinion In my opinion /According to me â a mon avis It seems to me â Il me semble
Peuton soutenir : "à chacun sa vérité" 926 mots 4 pages. Montre plus On pense souvent que la vérité est une affaire individuelle. Chaque homme en effet se forge sa propre conception du vrai, sans que celle-ci ne soit de fait et de droit communicable ou critiquable. Dire ainsi que les goûts et les couleurs ne se discutent pas est une façon de clore toute discussion éventuelle et de
L4pQQHa. RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© La rĂ©flexion spinoziste sur la vĂ©ritĂ© dĂ©gage deux propriĂ©tĂ©s de lâidĂ©e vraie â lâadaequatio et la convenientia â dont lâarticulation exacte pose quelques difficultĂ©s dâinterprĂ©tation. Le problĂšme principal consiste Ă savoir si ces deux propriĂ©tĂ©s renvoient Ă deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© qui sâopposent vĂ©ritĂ©-cohĂ©rence et vĂ©ritĂ©-correspondance ou Ă deux aspects qui se complĂštent dâune façon harmonieuse dans une seule conception de la vĂ©ritĂ©. Lâobjectif de cet article est de prĂ©senter quelques remarques qui soutiennent la seconde option et Ă©clairent lâoriginalitĂ© de la conception spinoziste de la vĂ©ritĂ©. Haut de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1Dans cet article, je voudrais prĂ©senter quelques remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza. NĂ©anmoins, il faut dâabord prĂ©ciser que sous la rubrique problĂšme de la vĂ©ritĂ© », il se trouve en rĂ©alitĂ© un ensemble de questions distinctes bien quâessentiellement liĂ©es entre elles. Par problĂšme de la vĂ©ritĂ© » on doit dâabord comprendre le problĂšme qui porte sur la dĂ©termination de la nature ou essence de la vĂ©ritĂ©. Il sâagit de rĂ©pondre Ă la question 1 sur la signification du terme vĂ©ritĂ© ». Ensuite, il sâagit de poser les questions qui portent sur les conditions de possibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©, câest-Ă -dire de rĂ©pondre aux questions suivantes 2 Etant donnĂ©e la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, quelles conditions gĂ©nĂ©rales, du point de vue de lâabsolu, doivent ĂȘtre remplies pour quâil y ait des idĂ©es vraies ? 3 Ensuite, quelles conditions particuliĂšres doivent ĂȘtre remplies pour que nous, du point de vue de lâĂąme humaine, ayons des idĂ©es vraies ? 4 Finalement, quelles conditions doivent ĂȘtre remplies pour que nous sachions que nous avons des idĂ©es vraies, câest-Ă -dire pour que nous puissions reconnaĂźtre les idĂ©es vraies et les distinguer de celles qui sont fausses ? Câest le problĂšme du critĂšre de vĂ©ritĂ©. 2Lâordre des ces questions nâest pas fortuit. En effet, il semble bien que pour rĂ©pondre aux questions 2, 3 et 4, il nous faut dâabord rĂ©pondre Ă celle qui porte sur la nature de la vĂ©ritĂ©, puisque câest cette rĂ©ponse qui nous permettra de dĂ©terminer le sens prĂ©cis Ă apporter aux mots vrai » et vĂ©ritĂ© » prĂ©sents dans ces questions. 3NĂ©anmoins, la liaison entre elles, surtout entre la premiĂšre et la derniĂšre, nâest pas dĂ©pourvue dâune certaine tension interne. Selon certains philosophes, par exemple Russell et Popper, nous devons distinguer soigneusement lâinvestigation qui porte sur la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© de celle qui concerne le critĂšre de vĂ©ritĂ©, et nous ne devons pas espĂ©rer que cette dĂ©finition nous apporte un critĂšre pour reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ© dâun jugement donnĂ©. Selon eux, la premiĂšre question est complĂštement indĂ©pendante de la derniĂšre. Dâautres, par exemple les pragmatistes et Dummet, soutiennent que toute recherche sur le concept de vĂ©ritĂ© resterait vide si elle nâĂ©tait pas susceptible de nous montrer comment nous pouvons reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ© dâun jugement donnĂ©. Pour eux, la rĂ©ponse Ă apporter Ă la premiĂšre question dĂ©pend de la prise en considĂ©ration de lâexigence exprimĂ©e par la derniĂšre. 1 Il [Cherbury] examine ce que câest que la vĂ©ritĂ© ; et pour moi, je nâen ai jamais doutĂ©, me sembl ... 4Mais que la question concernant la dĂ©termination de la nature de la vĂ©ritĂ© soit considĂ©rĂ©e comme un problĂšme », voilĂ qui a quelque chose de problĂ©matique ou de paradoxal en soi. En effet, si nous ne savions pas dâemblĂ©e ce quâest la vĂ©ritĂ©, comment pourrions-nous lâapprendre ? Quelles raisons aurions-nous dâaccepter une certaine dĂ©finition parmi les diverses dĂ©finitions possibles ? Bref, comment trouverions-nous la vraie dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© ? Ce problĂšme a Ă©tĂ© posĂ© par Descartes dans une lettre bien connue adressĂ©e Ă Mersenne le 16 octobre 1639. Descartes y affirme que la notion de vĂ©ritĂ© est si transcendantalement claire, quâil est impossible de lâignorer »1. Sa solution pour ce problĂšme consiste Ă affirmer que nous avons une connaissance naturelle » de la notion de vĂ©ritĂ©, dĂ©finie nominalement par la conformitĂ© de la pensĂ©e avec lâobjet. Pour lui, donc, le problĂšme de la vĂ©ritĂ© » renvoie essentiellement au problĂšme qui consiste Ă trouver et Ă fonder un critĂšre de vĂ©ritĂ©, le sens du terme vĂ©ritĂ© », quant Ă lui, Ă©tant tout Ă fait clair et naturellement donnĂ© Ă lâesprit. 5On peut Ă©videmment accorder Ă Descartes que si nous nâavions pas une comprĂ©hension naturelle du sens de la vĂ©ritĂ©, comprĂ©hension Ă laquelle nous pouvons et devons faire appel pour nous guider dans notre investigation, nous resterions dans un vide conceptuel qui ne pourrait ĂȘtre rempli que par un choix arbitraire parmi les multiples dĂ©finitions possibles. NĂ©anmoins, on nâest pas forcĂ© de croire que cette connaissance naturelle soit aussi transcendantalement claire quâelle semble lâĂȘtre pour Descartes, ni non plus quâelle Ă©puise le contenu du concept de vĂ©ritĂ©. On peut trĂšs bien soutenir que ce que nous connaissons naturellement de la vĂ©ritĂ© et que nous expliquons quid nominis, câest-Ă -dire la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, ne porte que sur la propriĂ©tĂ© ou dĂ©nomination extrinsĂšque de lâidĂ©e vraie et que cette dĂ©finition, correspondant Ă un niveau encore superficiel de la rĂ©flexion sur lâidĂ©e vraie, ne fournit que le point de dĂ©part pour une recherche plus approfondie sur la nature de la vĂ©ritĂ©. 6Tout se passe comme si cette dĂ©finition nâĂ©tait quâun instrument naturel premier, encore partiel et imparfait, Ă lâaide duquel lâĂąme, par un mouvement rĂ©flexif, pourrait progresser dans le sens dâun approfondissement de la comprĂ©hension de la forme de lâidĂ©e vraie. Or, cet effort rĂ©flexif, ce questionnement qui porte sur le concept mĂȘme de vĂ©ritĂ©, soit pour prĂ©ciser Ă quoi il sâapplique, soit pour en dĂ©gager dâautres dĂ©terminations que celle apportĂ©e par la dĂ©finition nominale, nous semble sâaccorder avec la dĂ©marche effective de la pensĂ©e spinoziste. Tout au long de son Ćuvre, du Court TraitĂ© et du TraitĂ© de la RĂ©forme de lâEntendement Ă lâĂthique, Spinoza examine de façon critique la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, afin dâexpliciter non seulement ses conditions de possibilitĂ©, mais aussi et surtout, de la complĂ©ter avec une propriĂ©tĂ© ou dĂ©nomination intrinsĂšque qui permette, dâune part, dâexpliquer que nous puissions savoir avec certitude que nous avons des idĂ©es vraies, et, dâautre part, de fournir Ă la perspective Ă©thique un principe explicatif de la supĂ©rioritĂ© interne du sage sur lâignorant. 2 Cf. chap. XV, deuxiĂšme partie. GI/78 G » renverra toujours Ă Spinoza Opera, Ă©d. Carl Gebhardt, 5 ... 7En effet, la simple correspondance entre la pensĂ©e et son objet nâest pas capable dâapporter une rĂ©ponse satisfaisante aux trois questions qui fournissent le fil conducteur de lâinvestigation spinoziste sur la vĂ©ritĂ©, et qui sont formulĂ©es de la façon suivante aussi bien dans le Court TraitĂ©2 que dans lâĂthique 3 Ăthique II, Proposition XLIII, scolie. GII/124. Si une idĂ©e vraie, en tant quâelle est dite seulement sâaccorder avec ce dont elle est lâidĂ©e, se distingue dâune fausse, une idĂ©e vraie ne contient donc aucune rĂ©alitĂ© ou perfection de plus quâune fausse puisquâelles se distinguent seulement par une dĂ©nomination extrinsĂšque, et consĂ©quemment un homme qui a des idĂ©es vraies ne lâemporte en rien sur celui qui en a seulement des fausses ? Puis dâoĂč vient que les hommes ont des idĂ©es fausses ? Et enfin, dâoĂč quelquâun peut-il savoir avec certitude quâil a des idĂ©es qui conviennent avec leurs objets ?3 8Parmi ces trois questions, la premiĂšre, bien quâĂ©tant sĂ»rement celle oĂč se manifeste la fin ultime qui dirige la pensĂ©e de Spinoza, ne nous concernera pas directement ici. Cela signifie que nous nâallons pas examiner les effets de lâexigence Ă©thique sur la dĂ©termination du concept de vĂ©ritĂ© chez Spinoza. Parmi les deux autres questions, câest surtout celle concernant la possibilitĂ© de savoir avec certitude que nous avons des idĂ©es vraies qui doit retenir notre attention. En effet, celle-ci renvoie au problĂšme du critĂšre de vĂ©ritĂ© et câest elle qui, dans un rapport de tension avec la dĂ©termination prĂ©alablement donnĂ©e de la nature de la vĂ©ritĂ©, met en marche lâapprofondissement de la rĂ©flexion concernant la forme de lâidĂ©e vraie. 9La rĂ©ponse Ă ces questions repose sur lâintroduction de la dĂ©nomination intrinsĂšque de lâidĂ©e vraie, câest-Ă -dire sur la notion spinoziste dâadaequatio. Câest cette notion qui permet dâexpliquer que la vĂ©ritĂ© soit norme dâelle-mĂȘme et du faux, et qui exclut le recours Ă une marque ou Ă un signe extrinsĂšque qui serait nĂ©cessaire pour nous faire reconnaĂźtre cette vĂ©ritĂ© ; câest elle qui fonde lâidentification spinoziste entre lâidĂ©e vraie et la certitude et qui explique quâune idĂ©e vraie ait plus de rĂ©alitĂ© quâune fausse. 10Lâinvestigation de Spinoza nous met ainsi devant deux aspects de lâidĂ©e vraie, lâun intrinsĂšque et lâautre extrinsĂšque. Tout le problĂšme consiste Ă savoir si entre ces deux aspects il y a tension, contradiction ou complĂ©mentaritĂ© harmonieuse. Y a-t-il chez Spinoza deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© qui sâopposent ou deux aspects qui se complĂštent dans une conception consistante de la vĂ©ritĂ© ? La rĂ©ponse Ă ces questions partage les interprĂštes du spinozisme. 11Certains soutiennent quâil y a dans lâĂthique une coexistence harmonieuse entre la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance et celle de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence, liĂ©e Ă la notion spinoziste dâadaequatio. Ainsi, R. Landim affirme 4 R. Landim, La notion de vĂ©ritĂ© dans lâĂthique de Spinoza », in Groupe de recherches spinozistes n ... Ces questions posĂ©es par la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© trouvent dans lâĂthique de Spinoza une rĂ©ponse aussi subtile quâoriginale. Dans lâĂthique les deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© coexistent. Si la vĂ©ritĂ© est en premier lieu correspondance, câest par une sorte de cohĂ©rence que la vĂ©ritĂ© sâimpose Ă lâhomme comme correspondance4. 12Dâautres, comme F. AlquiĂ©, ont insistĂ© sur le caractĂšre conflictuel de cette coexistence. Il parle dâune certaine tension inhĂ©rente au concept spinoziste de la vĂ©ritĂ© », tension qui renvoie Ă la difficultĂ© de concilier les trois affirmations suivantes 5 F. AlquiĂ©, Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ĂpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981, p. 212. [1] La vĂ©ritĂ© est intĂ©rieure Ă la pensĂ©e, et se dĂ©finit, non par son rapport avec la chose, mais par une dĂ©nomination intrinsĂšque ; [2] la vĂ©ritĂ© est sa propre marque, son propre signe, et celui qui possĂšde une idĂ©e vraie ne peut douter de sa vĂ©ritĂ© ; [3] la vĂ©ritĂ©, malgrĂ© les deux caractĂšres prĂ©cĂ©dents, est accord de lâidĂ©e et de la chose5. 6 Ce sont ceux, comme S. Hampshire ou H. Joachim, qui considĂšrent que Spinoza soutient exclusivement ... 7 Ce sont ceux, comme E. Curley ou J. Bennett, pour lesquels Spinoza adopte exclusivement la concepti ... 13Dâautres encore, face Ă cette tension et dĂ©sespĂ©rant de la rĂ©soudre, ont choisi de la supprimer en privilĂ©giant exclusivement soit les passages de Spinoza qui vont dans le sens de deux premiĂšres affirmations, interprĂ©tĂ©es comme exprimant une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence6, soit les passages qui vont dans le sens de la derniĂšre affirmation, assimilĂ©e Ă la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance7. 14Bien entendu, le procĂ©dĂ© qui consiste Ă supprimer la tension par lâĂ©limination dâun de ses termes nâest pas lĂ©gitime ici. Il le serait si lâon pouvait montrer que ces affirmations renvoient Ă des moments diffĂ©rents de la pensĂ©e de lâauteur, câest-Ă -dire si lâon pouvait dissoudre la tension dans la considĂ©ration de lâĂ©volution de la pensĂ©e de Spinoza. Mais tel nâest pas le cas puisque cette tension est prĂ©sente aussi bien dans le Court TraitĂ©, que dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement et dans lâĂthique. Ainsi, ou bien il est possible de rĂ©soudre conceptuellement cette tension, ou bien il faut avouer quâelle renvoie Ă une conception incohĂ©rente de la vĂ©ritĂ©. 8 En particulier, il nâest pas possible de dĂ©velopper ici lâanalyse dĂ©taillĂ©e de la notion dâidĂ©e adĂ© ... 15Dans cette Ă©tude, mon objectif est de prĂ©senter quelques remarques qui permettent de soutenir la premiĂšre de ces deux options. Il me semble quâil nây a pas nĂ©cessairement dâexclusion mutuelle entre la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence et celle de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, mais plutĂŽt un rapport de complĂ©mentaritĂ©. Jâessaierai de montrer que lâoriginalitĂ© de Spinoza consiste prĂ©cisĂ©ment Ă supprimer cette fausse opposition et Ă faire de lâadaequatio et de la convenientia deux aspects complĂ©mentaires du concept de vĂ©ritĂ©. LâidĂ©e vraie, pour ĂȘtre pleinement vraie, doit satisfaire Ă une double condition ĂȘtre adĂ©quate cohĂ©rente et sâaccorder avec son objet. Sans pouvoir examiner ici la totalitĂ© des aspects enveloppĂ©s dans cette question8, je prĂ©tends seulement indiquer quelques Ă©lĂ©ments qui, permettant dâĂ©liminer la tension signalĂ©e par F. AlquiĂ©, rendent possible cette complĂ©mentaritĂ© et illuminent lâoriginalitĂ© de la rĂ©flexion spinoziste sur la nature de la vĂ©ritĂ©. Quâil y a un rapport de complĂ©mentaritĂ© entre adaequatio et convenientia 9 Ăthique I, axiome VI. 16Il faut remarquer avant tout que Spinoza ne prĂ©sente pas dans lâĂthique, ni dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement, une dĂ©finition en bonne et due forme et explicite de la vĂ©ritĂ©. Dans lâĂthique, la traditionnelle dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© nâest pas prĂ©sentĂ©e sous forme de dĂ©finition, mais sous forme dâaxiome lâidĂ©e vraie doit debet sâaccorder convenire avec son idĂ©at »9. On ne doit pas penser que la substitution de lâĂ©noncĂ© sous forme dâaxiome Ă lâĂ©noncĂ© dĂ©finitionnel soit gratuite. En effet, les dĂ©finitions portent sur lâessence des choses et sur leurs affections, tandis que les axiomes concernent surtout les relations entre les choses. Ainsi, la mise en forme axiomatique de la dĂ©finition nominale vise Ă indiquer que celle-ci ne porte que sur la relation extrinsĂšque de lâidĂ©e vraie Ă lâobjet, sans nous renseigner en quoi consiste lâidĂ©e vraie prise en elle-mĂȘme. 10 Je ne reconnais aucune diffĂ©rence entre lâidĂ©e vraie et lâidĂ©e adĂ©quate, sinon que le mot âvraieâ ... 17Câest dans lâĂthique II, dĂ©finition IV, que Spinoza considĂšre lâidĂ©e vraie par sa propriĂ©tĂ© intrinsĂšque, câest-Ă -dire par son adĂ©quation Jâentends par idĂ©e adĂ©quate une idĂ©e qui, en tant quâon la considĂšre en elle-mĂȘme, sans relation Ă lâobjet, a toutes les propriĂ©tĂ©s ou dĂ©nominations intrinsĂšques dâune idĂ©e vraie. Explication Je dis intrinsĂšques pour exclure celle qui est extrinsĂšque, Ă savoir, lâaccord de lâidĂ©e avec lâobjet dont elle est lâidĂ©e ». Que lâadaequatio et la convenientia soient deux propriĂ©tĂ©s distinctes et complĂ©mentaires dâune seule et mĂȘme idĂ©e, câest ce que Spinoza affirme clairement dans la lettre 60 Ă Tchirnhaus10. IdĂ©e adĂ©quate » et idĂ©e vraie » sont deux dĂ©nominations distinctes pour dĂ©signer une seule et mĂȘme idĂ©e, selon que nous considĂ©rons cette idĂ©e unique soit dans sa nature, abstraction faite de son rapport Ă lâobjet, soit dans son rapport Ă lâobjet. Voyons donc ce qui rend possible cette complĂ©mentaritĂ©. 18Je prendrai comme fil conducteur de mon analyse le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement Quant Ă ce qui constitue la forme du vrai, il est certain que la pensĂ©e vraie ne se distingue pas seulement de la fausse par une dĂ©nomination extrinsĂšque, mais surtout par une dĂ©nomination intrinsĂšque. 19Lâemploi de lâadverbe surtout » dans ce passage marque nettement la primautĂ© de la dĂ©nomination intrinsĂšque par rapport Ă lâextrinsĂšque, mais lâaffirmation de la subordination de cette derniĂšre Ă la prĂ©cĂ©dente nâĂ©quivaut pas Ă lâaffirmation de son exclusion au profit de la premiĂšre. NĂ©anmoins, les exemples donnĂ©s ensuite par Spinoza semblent aller dans le sens dâune vĂ©ritable exclusion. En effet, il poursuit 11 GII/26. Si un ouvrier conçoit un ouvrage avec ordre, bien que cet ouvrage nâait jamais existĂ© et mĂȘme ne doive jamais exister, sa pensĂ©e est nĂ©anmoins vraie que lâouvrage existe ou non, cette pensĂ©e est la mĂȘme. Et au contraire, si quelquâun dit, par exemple, que Pierre existe, sans savoir cependant que Pierre existe, sa pensĂ©e, par rapport Ă lui, est fausse, ou, si lâon prĂ©fĂšre, nâest pas vraie, quoique Pierre existe effectivement. Et cette proposition Pierre existe, nâest vraie quâen ce qui concerne celui qui sait avec certitude que Pierre existe11. 20Le deuxiĂšme exemple affirme clairement que le simple accord entre une affirmation et lâĂ©tat de choses auquel elle renvoie nâest pas une condition suffisante pour quâelle soit vraie, tandis que le premier exemple semble aller plus loin et affirmer quâil nâest pas non plus une condition nĂ©cessaire de la vĂ©ritĂ©, puisque le plan conçu par lâouvrier est dit vrai » indĂ©pendamment de lâexistence de son objet. 12 Cf. Ăthique I, Proposition VIII, scolie 2 ; Ăthique II, Proposition VIII ; Ăthique V, Proposition X ... 13 Selon Spinoza, le contraste entre lâexistence Ă©ternelle et lâexistence temporelle nâest pas un cont ... 14 Cf. les § 41, § 42, § 85, § 91 et § 99. 15 Cf. Ăthique II, Propositions XXXII et XXXIV ; Proposition XLI, dĂ©monstration ; Proposition XLIII, d ... 21NĂ©anmoins, il est possible dâinterprĂ©ter le premier exemple, Ă la lumiĂšre de certaines thĂšses mĂ©taphysiques soutenues par Spinoza dans lâĂthique12, comme affirmant simplement que la vĂ©ritĂ© dâune pensĂ©e construite dâune façon ordonnĂ©e ne dĂ©pend pas de son accord avec quelque chose qui existe dans la durĂ©e, sans que cela signifie quâelle ne sâaccorde avec une essence Ă©ternelle contenue dans un attribut de Dieu. En effet, Ă©tant donnĂ© que le nĂ©cessitarisme de Spinoza entraĂźne que tout ce qui est concevable possĂšde un certain type dâactualitĂ© extra-mentale, il est lĂ©gitime dâaffirmer quâil nây a pas dâidĂ©e vraie qui ne sâaccorde avec un objet douĂ© dâactualitĂ©, que cette actualitĂ© soit lâexistence temporelle de la chose ou lâexistence Ă©ternelle de son essence13. Toute idĂ©e vraie a donc une portĂ©e existentielle et une dĂ©nomination extrinsĂšque. Cette lecture permet de maintenir la prĂ©sence constante de la dĂ©nomination extrinsĂšque de lâidĂ©e vraie indiquĂ©e au dĂ©but du § 69, affirmĂ©e dans dâautres paragraphes du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement14 et dans plusieurs passages de lâĂthique15. 16 Cf. ibid., Proposition XLIII, scolie. 22Parmi les deux dĂ©nominations de lâidĂ©e vraie, câest surtout lâintrinsĂšque qui constitue la forme du vrai. Câest elle, en effet, qui permet de considĂ©rer lâidĂ©e vraie comme ayant plus de rĂ©alitĂ© ou de perfection interne quâune idĂ©e fausse, et qui permet dâaffirmer quâil y a entre lâidĂ©e vraie et la fausse la mĂȘme relation quâentre lâĂȘtre et le non ĂȘtre16. Câest Ă elle que le § 70 du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement se rĂ©fĂšre quand il affirme quâil y a dans les idĂ©es quelque chose de rĂ©el par quoi les vraies se distinguent des fausses », ce quelque chose de rĂ©el » consistant dans la possession effective dâun savoir concernant ce quâon affirme. Cela lie indissolublement, comme nous le verrons par la suite, le concept spinoziste de vĂ©ritĂ© au concept de savoir. Comment ce rapport de complĂ©mentaritĂ© est-il possible ? 17 Bien que la substitution de lâĂ©noncĂ© dĂ©finitionnel par lâaxiomatique ne soit pas dĂ©pourvue dâimport ... 23Si la vĂ©ritĂ© de lâidĂ©e vraie Ă©tait rĂ©duite Ă la dimension extrinsĂšque, il semble bien que nous serions contraints dâadopter lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, selon laquelle une idĂ©e est vraie parce quâelle sâaccorde Ă son Dans ce cas, câest lâobjet qui rend lâidĂ©e vraie, câest la prĂ©sence dâune rĂ©alitĂ© extĂ©rieure qui est la norme de la vĂ©ritĂ© de lâidĂ©e. On voit bien que cela est tout Ă fait contraire Ă la thĂšse spinoziste selon laquelle la vĂ©ritĂ© est norme dâelle mĂȘme et du faux », et quâainsi, celle-ci ne pouvant pas ĂȘtre fondĂ©e sur la dĂ©nomination extrinsĂšque de lâidĂ©e vraie et la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© Ă elle attachĂ©e, elle devra ĂȘtre fondĂ©e sur la dĂ©nomination intrinsĂšque de lâidĂ©e vraie. Lâadaequatio devra fournir un aspect complĂ©mentaire Ă la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© qui fonctionne aussi comme norme de la vĂ©ritĂ©. 24Si je dis aspect complĂ©mentaire », câest pour souligner encore une fois que cela ne signifie pas quâil faille exclure la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©. Celle-ci affirme simplement que lâidĂ©e vraie sâaccorde Ă son objet. Elle ne prĂ©cise pas en quoi consiste cet accord ni non plus quel est, parmi les termes en rapport, celui qui rend lâidĂ©e vraie. LâinterprĂ©tation rĂ©aliste de cette dĂ©finition va plus loin parce quâelle affirme que câest exclusivement Ă lâobjet quâil appartient la fonction de rendre lâidĂ©e vraie. On peut nĂ©anmoins maintenir cette dĂ©finition tout en excluant lâinterprĂ©tation rĂ©aliste. Dans ce cas, il faudra dire que lâidĂ©e vraie, Ă©tant intrinsĂšquement vraie adĂ©quate, doit sâaccorder avec son objet, câest-Ă -dire doit avoir aussi la dĂ©nomination extrinsĂšque. Seule lâexclusion de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale peut rendre compatible les deux aspects de lâidĂ©e vraie. 25Ces considĂ©rations permettent dâavancer dans la comprĂ©hension de lâemploi du mot debet » dans la formulation de lâaxiome VI de lâĂthique I. DâaprĂšs ce qui a Ă©tĂ© dit, cet axiome doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme lâĂ©quivalent de la formule suivante 261 Si une idĂ©e est vraie intrinsĂšquement vraie, adĂ©quate, alors elle sâaccorde nĂ©cessairement avec son objet ». 27Et non comme lâĂ©quivalent de la formule suivante 282 Si une idĂ©e sâaccorde avec son objet, alors elle est nĂ©cessairement vraie ». 18 TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement, tr. A. KoyrĂ©, J. Vrin, Paris, 1984, note 69, p. 107. 29Cela veut dire que si une idĂ©e vraie sâaccorde avec son objet, elle le fait, comme le dit A. KoyrĂ©, vi propria ; elle sây accorde parce quâelle est vraie et non inversement »18. Le mot debet » exprime le fait, pour la dĂ©nomination extrinsĂšque, dâĂȘtre une consĂ©quence nĂ©cessaire de la puissance intrinsĂšque de la pensĂ©e vraie. Cela signifie que, dans le rapport de complĂ©mentaritĂ© entre convenientia et adaequatio, il y a subordination de la premiĂšre Ă la seconde. 30Cette lecture, qui exclut le caractĂšre rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale, peut ĂȘtre renforcĂ©e par lâanalyse du deuxiĂšme exemple donnĂ© dans le § 69, qui concerne lâaffirmation de lâexistence de Pierre. Selon ce passage, la simple rencontre fortuite entre un Ă©tat de choses et lâaffirmation qui le reprĂ©sente nâest pas une condition suffisante pour que cette affirmation puisse ĂȘtre qualifiĂ©e de vraie. La simple existence fortuite de lâĂ©tat de choses affirmĂ© ne rend pas lâidĂ©e vraie. Par contre, cette mĂȘme affirmation, faite par celui qui sait avec certitude que Pierre existe », câest-Ă -dire liĂ©e Ă une idĂ©e adĂ©quate qui porte en soi la totalitĂ© des causes ou raisons de ce quâon affirme, recevra lĂ©gitimement ce prĂ©dicat. Seule une affirmation connectĂ©e au systĂšme de raisons qui la justifient peut ĂȘtre vraie. 19 GII/124. 31Ainsi, pour Spinoza, il nây a de proposition vraie sur une chose que si elle consiste dans un savoir certain sur cette chose. Dans la connaissance vraie, il y a un rapport indissociable entre ce qui est affirmĂ© et les raisons par lesquelles cela est affirmĂ©, ce qui conduit Spinoza Ă soutenir, dans lâĂthique II, Proposition XLIII, scolie, quâ avoir une idĂ©e vraie ne signifie rien, sinon connaĂźtre une chose parfaitement ou le mieux possible »19. 32 Parfaitement ou le mieux possible » dĂ©signe la forme par laquelle la chose est connue, le processus dâengendrement de la connaissance. Et dĂšs lors que ce processus ne reste pas Ă©tranger Ă la vĂ©ritĂ© de lâaffirmation Ă laquelle il conduit, mais fait partie intĂ©grante de la signification mĂȘme de sa vĂ©ritĂ©, il nâest pas possible quâune affirmation soit vraie si elle est dĂ©pourvue de cette forme, si donc elle nâest pas la connaissance parfaite de son objet. LâindissociabilitĂ© entre lâopĂ©ration rationnelle qui fonde et justifie une certaine affirmation et la vĂ©ritĂ© de cette affirmation, lâimmanence du processus dĂ©monstratif Ă la vĂ©ritĂ©, signifie que le rejet de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale sâaccompagne, chez Spinoza, de lâexclusion consĂ©cutive de ce que M. Dummett a appelĂ© de principe de connaissance », selon lequel un Ă©noncĂ© peut ĂȘtre vrai mĂȘme si lâon ne peut pas connaĂźtre ce qui le rend vrai ». Spinoza soutient ainsi une certaine conception Ă©pistĂ©mique de la vĂ©ritĂ©. 20 Pour cette interprĂ©tation de M. Dummett, voir R. Landim A interpretação realista da definição n ... 33Le rĂ©alisme, selon Dummett, peut ĂȘtre caractĂ©risĂ© par la conjonction du principe de correspondance » si un Ă©noncĂ© est vrai il doit y avoir quelque chose en vertu de laquelle il est vrai » ; du principe de bivalence » tout Ă©noncĂ© est vrai ou faux dâune maniĂšre dĂ©terminĂ©e » ; et du principe de connaissance » si un Ă©noncĂ© est vrai, il doit ĂȘtre, en principe, possible de connaĂźtre quâil est vrai ». Or, dans la mesure oĂč les limites de la connaissance humaine ne dĂ©terminent pas les limites de toute connaissance possible, ce principe peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme affirmant que quelque chose peut rendre vrai un Ă©noncĂ© sans que nous puissions lâidentifier. Il peut, par consĂ©quent, ĂȘtre reformulĂ© de la façon suivante les conditions de vĂ©ritĂ© dâun Ă©noncĂ© peuvent ĂȘtre remplies indĂ©pendamment de notre capacitĂ© de savoir si elles sont ou non remplies ». Le rĂ©alisme, ainsi caractĂ©risĂ©, Ă©tablit une nette sĂ©paration entre le fait pour un Ă©noncĂ© dâĂȘtre vrai et les raisons qui permettent de le considĂ©rer comme tel, puisquâil est possible quâun Ă©noncĂ© soit vrai et quâon ne puisse pas le dĂ©montrer20. Nous voyons ainsi que le rejet spinoziste de cette sĂ©paration, prĂ©sent dans le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement, sâaccorde bien avec son rejet de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©. 21 Ăthique II, Proposition III. 22 Ibid, Proposition VI, corollaire. 23 Cette inspiration est nettement prĂ©sente dans la thĂ©orie de la dĂ©finition gĂ©nĂ©tique formulĂ©e dans l ... 34Il faut nĂ©anmoins souligner que lâexclusion de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© ne fait pas de Spinoza un idĂ©aliste. DâaprĂšs lui, jamais lâĂȘtre des choses ne se rĂ©duit au fait pour elles dâĂȘtre pensĂ©es. MĂȘme si tout ce qui existe est nĂ©cessairement lâobjet dâune idĂ©e en Dieu21, ce nâest pas cela qui constitue lâĂȘtre formel de lâobjet, car Spinoza exclut catĂ©goriquement lâhypothĂšse dâun entendement crĂ©ateur22. Sa position pourrait ĂȘtre caractĂ©risĂ©e comme celle dâun rĂ©aliste mĂ©taphysique qui, en vertu de son inspiration constructiviste23, refuse le rĂ©alisme Ă©pistĂ©mologique. Cela signifie que tout en acceptant lâexistence indĂ©pendante dâune rĂ©alitĂ© extĂ©rieure Ă la pensĂ©e, Spinoza nie la fonction de cette rĂ©alitĂ© dans la production des idĂ©es ainsi que dans la dĂ©termination par soi seule de leur valeur de vĂ©ritĂ©. 24 Ăthique II, Proposition XL, scolie 2. 35Le fameux exemple de la quatriĂšme proportionnelle, utilisĂ© par Spinoza pour illustrer aussi bien les diffĂ©rences entre les modes de perception du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement § 23 et 24 que les genres de connaissance de lâĂthique24, illustre bien ce lien indissociable entre ce quâon affirme et les raisons qui prouvent ce quâon affirme dans lâidĂ©e vraie. En effet, le mĂȘme rĂ©sultat peut ĂȘtre atteint par des procĂ©dĂ©s cognitifs qui divergent qualitativement, et cette divergence quant Ă la maniĂšre de parvenir au rĂ©sultat permet de poser les uns et dâexclure les autres de la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©. 36La simple application aveugle dâune rĂšgle quâon a apprise par ouĂŻ-dire mais dont la raison nous Ă©chappe premier mode de perception, ou qui a Ă©tĂ© trouvĂ©e par des expĂ©riences particuliĂšres non guidĂ©es par la raison, et gĂ©nĂ©ralisĂ©e ensuite dâune façon abusive, sans que nous puissions comprendre la validitĂ© de la rĂšgle et la nĂ©cessitĂ© du rĂ©sultat obtenu second mode de perception, conduit Ă des affirmations gratuites et incertaines qui ne peuvent pas ĂȘtre qualifiĂ©es de vraies. MĂȘme si lâapplication de la rĂšgle nous mĂšne au rĂ©sultat correct », la simple impossibilitĂ© de rendre compte du chemin qui y conduit lâexclut de la vĂ©ritĂ©. Ces modes de perception, qui font partie du premier genre de connaissance dans lâĂthique, sont inadĂ©quats et par consĂ©quent non-vrais. 25 Il est important de rapprocher cette distinction intrinsĂšque, du point de vue de la vĂ©ritĂ©, entre s ... 37Par contre, lâapplication de la rĂšgle comprise Ă partir des propriĂ©tĂ©s communes des nombres proportionnels troisiĂšme mode de perception, second genre de connaissance, ou lâinfĂ©rence directe de la quatriĂšme proportionnelle Ă partir de lâintuition du rapport entre le premier et le second nombre quatriĂšme mode de perception, troisiĂšme genre de connaissance, Ă©tant de procĂ©dĂ©s qui peuvent rendre compte du chemin qui les mĂšne nĂ©cessairement au rĂ©sultat, appartiennent Ă la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©. Ainsi, il ne suffit pas de suivre aveuglĂ©ment une rĂšgle qui nous mĂšne au rĂ©sultat correct pour Ă©noncer des propositions vraies. Il faut aussi comprendre la nĂ©cessitĂ© de la rĂšgle, cette comprĂ©hension Ă©tant la condition mĂȘme pour la comprĂ©hension de la nĂ©cessitĂ© du rĂ©sultat25. Comparaison avec Descartes 38Pour mieux saisir lâoriginalitĂ© de la pensĂ©e de Spinoza, il est intĂ©ressant de rapprocher ce quâil affirme dans le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement de ce que Descartes soutient dans ses MĂ©ditations MĂ©taphysiques. 39Nous trouvons dans les MĂ©ditations deux passages qui illustrent la position de Descartes Ă propos du principe de connaissance ». Le premier se trouve au dĂ©but de la TroisiĂšme MĂ©ditation 26 AT-VII-35 AT » renvoie aux Ćuvres de Descartes, Ă©d. Charles Adam et Paul Tannery, Paris, LĂ©opold ... Mais il y avait encore une autre chose que jâassurais, et quâĂ cause de lâhabitude que jâavais Ă la croire, je pensais apercevoir trĂšs clairement, quoique vĂ©ritablement je ne lâaperçusse point, Ă savoir quâil y avait des choses hors de moi, dâoĂč procĂ©dait ces idĂ©es, et auxquelles elles Ă©taient tout Ă fait semblables. Et câĂ©tait en cela que je me trompais ; ou, si peut-ĂȘtre je jugeais selon la vĂ©ritĂ©, ce nâĂ©tait aucune connaissance que jâeusse, qui fĂ»t cause de la vĂ©ritĂ© de mon jugement si verum judicabam, id non ex vi meae percepcionis contingebat26. 40Dans ce passage Descartes admet que si ce quâil assurait sâaccordait effectivement avec la rĂ©alitĂ©, son jugement serait vrai, malgrĂ© lâabsence dâune perception claire et distincte de ce quâil affirmait. Son jugement serait vrai non par la force ex vi de sa perception, mais, pourrait-on dire, grĂące Ă une rencontre hasardeuse avec la rĂ©alitĂ©. Son hĂ©sitation câĂ©tait en cela que je me trompais ; ou, si peut-ĂȘtre je jugeais selon la vĂ©ritĂ©... » ne porte pas sur la lĂ©gitimitĂ© de considĂ©rer un jugement de ce type comme vrai, mais plutĂŽt sur la possibilitĂ© de reconnaĂźtre ou dĂ©terminer cette vĂ©ritĂ©. Le jugement serait, absolument parlant, vrai, mais lâabsence de clartĂ© et de distinction lâempĂȘcherait de connaĂźtre sa vĂ©ritĂ©. 41Spinoza, quant Ă lui, nâhĂ©site pas Ă considĂ©rer un tel jugement, de par lâabsence mĂȘme dâune perception adĂ©quate de ce qui est affirmĂ©, comme Ă©tant hors de la sphĂšre des jugements vrais. Et cela mĂȘme si ce quâil affirme sâaccorde avec la rĂ©alitĂ©. Pour lui, un jugement dont la vĂ©ritĂ© ne dĂ©pend en rien de la puissance explicative de la pensĂ©e ne peut pas ĂȘtre qualifiĂ© de vrai ». Sa seule hĂ©sitation, dont jâindiquerai ensuite le sens possible, porte sur la façon de dĂ©signer ce jugement, hĂ©sitant entre les prĂ©dicats faux » et non-vrai » sa pensĂ©e...est fausse ou, si lâon prĂ©fĂšre, nâest pas vraie, encore que Pierre existe effectivement. » 42Chez Descartes, lâabsence de clartĂ© et de distinction, câest-Ă -dire du critĂšre de vĂ©ritĂ©, empĂȘche la reconnaissance de la vĂ©ritĂ©, mais le jugement reste, malgrĂ© cela, vrai. Il y a dissociation entre ce qui identifie et ce qui rend un jugement vrai. Chez Spinoza, lâabsence dâadĂ©quation, câest-Ă -dire de la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de lâidĂ©e vraie, empĂȘche que le jugement puisse ĂȘtre, au sens pleinement spinoziste, vrai, et a fortiori quâil puisse y avoir une reconnaissance quelconque de sa vĂ©ritĂ©. 43Lâautre passage de Descartes se trouve dans la QuatriĂšme MĂ©ditation, dans le contexte dâune discussion Ă propos du bon usage du libre arbitre 27 AT-IX-48. Or si je mâabstiens de donner mon jugement sur une chose, lorsque je ne la conçois pas avec assez de clartĂ© et de distinction, il est Ă©vident que jâen use fort bien, et que je ne suis point trompĂ© ; mais si je me dĂ©termine Ă la nier, ou assurer, alors je ne me sers plus comme je dois de mon libre arbitre ; et si jâassure ce qui nâest pas vrai, il est Ă©vident que je me trompe ; mĂȘme aussi, encore que je juge selon la vĂ©ritĂ©, cela nâarrive que par hasard, et je ne laisse pas de faillir...27 44Ici Descartes affirme clairement quâun jugement qui sâaccorderait par hasard avec la rĂ©alitĂ© ne laisserait pas dâĂȘtre un jugement vrai. Sâil le rapproche dâun jugement faux, il ne va pas jusquâĂ le qualifier de faux ou de non-vrai, comme le fait Spinoza. Ce rapprochement vise Ă attirer lâattention sur le fait quâun jugement qui par hasard se trouve ĂȘtre vrai renvoie, tout comme un jugement faux, Ă un mauvais usage du libre arbitre. Mais ce jugement ne laisse pas dâĂȘtre vrai, mĂȘme sâil trouve Ă sa racine le mĂȘme mauvais usage du libre arbitre qui engendre la faussetĂ©. Nous voyons ainsi comment chez Descartes, contrairement Ă ce qui se passe chez Spinoza, câest bien la prĂ©sence de lâobjet qui a la fonction de rendre le jugement vrai et comment lâabsence dâĂ©vidence ne le rend pas faux mais seulement douteux. Cela montre que lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale sâaccompagne du principe de connaissance », et que lâexclusion de lâun entraĂźne celle de lâautre. Le refus du principe de bivalence » et le problĂšme de la valeur de vĂ©ritĂ© de lâimagination 45En consonance avec le refus de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste du principe de correspondance et du principe de connaissance, lâhĂ©sitation de Spinoza entre les prĂ©dicats faux » et non-vrai » dans le § 69 suggĂšre encore, au moins implicitement, une possible rupture avec le principe de bivalence, faisant basculer ainsi la dichotomie traditionnelle du vrai et du faux. En effet, dans ce paragraphe du TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement, Spinoza suggĂšre une distinction entre trois valeurs de vĂ©ritĂ© le vrai, le non-vrai et le faux. Cette tripartition entraĂźne une asymĂ©trie dans les rapports entre adĂ©quation et vĂ©ritĂ©, dâune part, et inadĂ©quation et faussetĂ©, dâautre part. Si toute idĂ©e adĂ©quate est nĂ©cessairement vraie et vice-versa, cette rĂ©ciprocitĂ© nâarrive point dans le rapport entre inadĂ©quation et faussetĂ©. Bien que toute idĂ©e fausse soit nĂ©cessairement inadĂ©quate, toute idĂ©e inadĂ©quate nâest pas nĂ©cessairement fausse, sans que cela signifie que ces idĂ©es soient vraies. Dans ce cas, le fait pour une idĂ©e de ne pas ĂȘtre vraie nâimplique pas quâelle soit fausse. La ligne de partage essentielle se fait entre lâidĂ©e adĂ©quate et lâidĂ©e inadĂ©quate, celle-ci pouvant ĂȘtre fausse ou simplement non-vraie. 28 Cf. G. H. R. Parkinson, Truth Is Its Own Standard Aspects of Spinozaâs Theory of Truth », in Sh ... 29 Ăthique II, Proposition XLI, dĂ©monstration, et Proposition XXVIII. 30 Ibid., Proposition XLI. 31 Ăthique II, Proposition XVII, scolie et Proposition XLIX, scolie. 32 Ăthique IV, Proposition I, dĂ©monstration et scolie. 46Certains interprĂštes ont signalĂ© la prĂ©sence de cette distinction dans le § 69, tout en affirmant ensuite quâil nây en a aucune trace dans lâĂthique28. NĂ©anmoins, je voudrais juste indiquer, pour finir, comment cette distinction entre lâidĂ©e inadĂ©quate non-vraie et lâidĂ©e inadĂ©quate fausse permet dâĂ©claircir dâune maniĂšre satisfaisante une ambiguĂŻtĂ© prĂ©sente dans les affirmations de lâĂthique concernant le rapport entre la faussetĂ© et la connaissance imaginative, connaissance qui est constituĂ©e exclusivement par des idĂ©es qui sont toujours inadĂ©quates et confuses29. En effet, Spinoza affirme, dâune part, que cette connaissance est lâunique cause de la faussetĂ©30. Dâautre part, il affirme que les imaginations de lâĂme, considĂ©rĂ©es en elles-mĂȘmes, ne contiennent aucune erreur »31 ; ou encore, que la prĂ©sence dâune idĂ©e vraie peut supprimer lâerreur causĂ©e par une connaissance imaginative sans supprimer ce quâil y a de positif dans cette mĂȘme connaissance32. Or, il est extrĂȘmement significatif que dans lâĂthique Spinoza ne qualifie jamais de vraie une idĂ©e imaginative. Dans ce dernier passage, mĂȘme sâil lui arrive de parler dâune positivitĂ© de lâidĂ©e imaginative qui nâest pas fausse, il ne va pas jusquâĂ qualifier cette idĂ©e, dans son rapport Ă lâĂąme humaine, comme vraie, ce quâil nâaurait pas pu faire sâil nâavait pas distinguĂ© entre lâidĂ©e inadĂ©quate non-vraie et lâidĂ©e inadĂ©quate fausse. 33 Pour la distinction entre lâobjet directement reprĂ©sentĂ© et lâobjet indirectement reprĂ©sentĂ© par lâ ... 34 Ăthique II, Proposition XXVIII. 35 Bien entendu, ce nâest pas par lâidĂ©e inadĂ©quate que nous pouvons savoir quâelle sâaccorde avec lâa ... 36 Cette idĂ©e est lâĂ©quivalent Ă©pistĂ©mique de la passion joyeuse. Celle-ci naĂźt dâun accord entre des ... 47Si nous nous rappelons que les idĂ©es inadĂ©quates de lâimagination sont les idĂ©es des affections du corps humain causĂ©es par les corps extĂ©rieurs, et que ces idĂ©es, qui indiquent directement lâĂ©tat du corps humain, nous permettent aussi de percevoir indirectement la cause extĂ©rieure de cet Ă©tat33, nous constaterons que lâidĂ©e inadĂ©quate non-vraie est celle qui, tout en sâaccordant, grĂące au parallĂ©lisme, avec son corrĂ©lat physique, Ă savoir lâaffection du corps, ne lâindique que trĂšs confusĂ©ment. Bien quâelle sâaccorde avec lâaffection, elle ne peut pas lâexpliquer par ses causes. En effet, lâaffection du corps est dĂ©terminĂ©e par une sĂ©rie infinie de causes finies. Dans la mesure oĂč lâĂąme humaine nâest quâune partie de lâentendement infini de Dieu, elle nâest pas capable de connaĂźtre la totalitĂ© infinie de cette sĂ©rie. Ainsi, lâidĂ©e dâaffection, considĂ©rĂ©e exclusivement dans son rapport Ă lâĂąme humaine, est nĂ©cessairement comme une consĂ©quence dĂ©tachĂ©e de ses prĂ©misses », câest-Ă -dire inadĂ©quate et confuse34. Son inadĂ©quation irrĂ©ductible est suffisante pour lâexclure de la vĂ©ritĂ©, tandis que son accord fortuit », câest-Ă -dire non justifiĂ© par lâidĂ©e35, avec son corrĂ©lat physique, sans ĂȘtre suffisant pour la dĂ©terminer comme vraie, suffit pour lâexclure de la faussetĂ©36. LâidĂ©e inadĂ©quate fausse, pour sa part, est lâidĂ©e dâaffection qui, outre son inadĂ©quation et confusion, ne sâaccorde pas Ă lâobjet indirect auquel elle renvoie le corps extĂ©rieur qui est cause de lâaffection. Si Spinoza soutenait exclusivement une thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, il devrait dĂ©signer le premier aspect des idĂ©es imaginatives comme vrai, ce quâil ne fait pas. Sâil soutenait exclusivement une certaine conception de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence, lâinadĂ©quation coĂŻnciderait avec la faussetĂ©, et il ne pourrait pas se rĂ©fĂ©rer Ă la positivitĂ© des idĂ©es inadĂ©quates de lâimagination, ce quâil fait pourtant. Mais, si la vĂ©ritĂ© naĂźt de la conjonction entre adĂ©quation et correspondance, conjonction rendue possible par lâexclusion de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, il est possible de considĂ©rer comme fausse lâidĂ©e inadĂ©quate qui ne sâaccorde pas avec son objet indirect, et simplement comme non-vraie celle qui sâaccorde avec son objet direct. 48Ainsi, nous pouvons conclure que câest lâexclusion de lâinterprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© et, dâune maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, la tendance Ă refuser les principes du rĂ©alisme Ă©pistĂ©mologique, qui permet Ă la pensĂ©e spinoziste de dissoudre la tension signalĂ©e par F. AlquiĂ© et de rendre compatible les deux propriĂ©tĂ©s de lâidĂ©e vraie. Il reste toutefois que rendre compatibles ces deux propriĂ©tĂ©s nâest pas encore montrer la nĂ©cessitĂ© de leur liaison. Pour expliciter comment et pourquoi la convenientia est une propriĂ©tĂ© nĂ©cessairement liĂ©e Ă lâadaequatio, il faudrait examiner la doctrine du parallĂ©lisme et la fonction exercĂ©e par la substance absolue comme fondement de la complĂ©mentaritĂ© entre les deux aspects de la vĂ©ritĂ©. Cette tĂąche, nĂ©anmoins, dĂ©passe largement les objectifs et limites de cet article. Landim, R., A interpretação realista da definição nominal da verdade », Manuscrito, volume VI, n° 2, abril 1983. Haut de page Bibliographie AlquiĂ©, F., Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ĂpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981. Curley, E., Spinozaâs Metaphysics An Essay in interpretation, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1969. Curley, E., Spinoza on Truth », Australasian Journal of Philosophy, vol. 72, n° 1, March 1994. 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Car quelle raison aurions-nous de consentir Ă ce qui nous lâapprendrait, si nous ne savions quâil fĂ»t vrai, câest-Ă -dire, si nous ne connaissions la vĂ©ritĂ© ? Ainsi on peut bien expliquer quid nominis Ă ceux qui nâentendent pas la langue, et leur dire que ce mot vĂ©ritĂ©, en sa propre signification, dĂ©note la conformitĂ© de la pensĂ©e avec lâobjet, mais lorsquâon lâattribue aux choses qui sont hors de la pensĂ©e, il signifie seulement que ces choses peuvent servir dâobjets Ă des pensĂ©es vĂ©ritables, soit aux nĂŽtres, soit Ă celles de Dieu; mais on ne peut donner aucune dĂ©finition de logique qui aide Ă connaĂźtre sa nature » R. Descartes, Ćuvres Philosophiques, Ă©d. F. AlquiĂ©, Garnier, Paris, 1973, t. II, p. 144. 2 Cf. chap. XV, deuxiĂšme partie. GI/78 G » renverra toujours Ă Spinoza Opera, Ă©d. Carl Gebhardt, 5 vol., Heidelberg, Carl Winters, 1924. 3 Ăthique II, Proposition XLIII, scolie. GII/124. 4 R. Landim, La notion de vĂ©ritĂ© dans lâĂthique de Spinoza », in Groupe de recherches spinozistes n° 2, Paris, 1989, p. 123. Il faut remarquer que Landim semble distinguer dans son article entre ce qui constitue proprement la vĂ©ritĂ© la correspondance et ce qui nous permet de la reconnaĂźtre la cohĂ©rence, puisquâil affirme que la cohĂ©rence est ce par quoi la vĂ©ritĂ© sâimpose Ă lâhomme comme correspondance. Bref, au lieu dâune coexistence entre deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ©, il sâagit plutĂŽt dâune distinction entre la dĂ©finition et le critĂšre de vĂ©ritĂ©. Or, si lâon pose que la correspondance Ă©puise la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, Ă©tant donnĂ©e lâimpossibilitĂ© de comparer lâidĂ©e avec son objet pour vĂ©rifier la satisfaction de cet accord, il faudra chercher une propriĂ©tĂ© intrinsĂšque Ă la pensĂ©e qui puisse lĂ©gitimement lâattester. Dans ce cas, nĂ©anmoins, cette propriĂ©tĂ© sera distincte de la propriĂ©tĂ© dâĂȘtre vraie et il y aura dissociation entre ce qui rend et ce qui identifie une idĂ©e vraie. Nous sommes ainsi ramenĂ©s Ă la position cartĂ©sienne du problĂšme de la vĂ©ritĂ©. La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© Ă©tant transcendentalement claire », le problĂšme consiste Ă trouver un critĂšre ou signe de la vĂ©ritĂ© et Ă prouver sa validitĂ©. Par contre, si, comme le fait Spinoza, la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de la pensĂ©e vraie est posĂ©e comme faisant partie de la dĂ©finition mĂȘme de la vĂ©ritĂ©, câest-Ă -dire sâil nây a pas de vĂ©ritĂ© sans justification rationnelle seule lâidĂ©e adĂ©quate qui porte en elle la complĂ©tude de ses causes ou raisons peut ĂȘtre vraie, alors on peut dire que cette propriĂ©tĂ© non seulement permet la reconnaissance de la vĂ©ritĂ© mais aussi quâelle appartient Ă la nature de lâidĂ©e vraie raison pour laquelle celle-ci nâa pas besoin dâun signe extrinsĂšque pour ĂȘtre reconnue. Câest pour cette raison quâau lieu de parler de coexistence entre deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ©, je parlerai de complĂ©mentaritĂ© entre lâadaequatio cohĂ©rence et la convenientia correspondance dans la constitution du concept spinoziste de vĂ©ritĂ©. 5 F. AlquiĂ©, Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ĂpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981, p. 212. 6 Ce sont ceux, comme S. Hampshire ou H. Joachim, qui considĂšrent que Spinoza soutient exclusivement la conception de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. 7 Ce sont ceux, comme E. Curley ou J. Bennett, pour lesquels Spinoza adopte exclusivement la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance. Cette position, adoptĂ©e par Curley dans son livre Spinozaâs Metaphysics p. 56, p. 122â126, a Ă©tĂ© revue dans son article Spinoza on Truth », in Australasian Journal of Philosophy, vol. 72, no 1, March 1994. Dans cet article, il soutient lâexistence dans la pensĂ©e de Spinoza de tendances en conflit » entre la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance et une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. 8 En particulier, il nâest pas possible de dĂ©velopper ici lâanalyse dĂ©taillĂ©e de la notion dâidĂ©e adĂ©quate Ă©laborĂ©e par Spinoza dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement et dans lâĂthique, ni de justifier lâinterprĂ©tation adoptĂ©e de cette notion comme renvoyant Ă une affirmation connectĂ©e au systĂšme de raisons qui la prouvent et, par lĂ , Ă une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. Pour ces analyses et cette justification je renvoie au deuxiĂšme chapitre de mon livre Verdade e Certeza em Espinosa Ed. L & PM, Porto Alegre, 1999. 9 Ăthique I, axiome VI. 10 Je ne reconnais aucune diffĂ©rence entre lâidĂ©e vraie et lâidĂ©e adĂ©quate, sinon que le mot âvraieâ se rapporte seulement Ă lâaccord de lâidĂ©e avec son objet, tandis que le mot âadĂ©quateâ se rapporte Ă la nature de lâidĂ©e mĂȘme » GIV/270. 11 GII/26. 12 Cf. Ăthique I, Proposition VIII, scolie 2 ; Ăthique II, Proposition VIII ; Ăthique V, Proposition XXIX, scolie. 13 Selon Spinoza, le contraste entre lâexistence Ă©ternelle et lâexistence temporelle nâest pas un contraste entre lâexistence possible et lâexistence actuelle, mais entre deux types dâexistence actuelle. LâactualitĂ© Ă©ternelle de lâessence dâun mode fini qui nâexiste pas dans le temps nâest que la propriĂ©tĂ© actuelle qui appartient Ă lâattribut divin de produire nĂ©cessairement ce mode quand les conditions sont remplies. Cette propriĂ©tĂ© est une combinaison particuliĂšre des lois de la nature. 14 Cf. les § 41, § 42, § 85, § 91 et § 99. 15 Cf. Ăthique II, Propositions XXXII et XXXIV ; Proposition XLI, dĂ©monstration ; Proposition XLIII, dĂ©monstration. 16 Cf. ibid., Proposition XLIII, scolie. 17 Bien que la substitution de lâĂ©noncĂ© dĂ©finitionnel par lâaxiomatique ne soit pas dĂ©pourvue dâimportance, elle ne signifie pas la suppression de la correspondance comme lâun des Ă©lĂ©ments constitutifs de la conception spinoziste de la vĂ©ritĂ©. Pour cette raison, et pour faciliter lâexposition, jâai pris la libertĂ© de maintenir la dĂ©signation traditionnelle de dĂ©finition nominale pour renvoyer Ă cet Ă©lĂ©ment. 18 TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement, tr. A. KoyrĂ©, J. Vrin, Paris, 1984, note 69, p. 107. 19 GII/124. 20 Pour cette interprĂ©tation de M. Dummett, voir R. Landim A interpretação realista da definição nominal da verdade », Manuscrito, n° 2, avril 1983 ; et Significado e verdade », SĂntese, n° 32, dĂ©cembre 1984. 21 Ăthique II, Proposition III. 22 Ibid, Proposition VI, corollaire. 23 Cette inspiration est nettement prĂ©sente dans la thĂ©orie de la dĂ©finition gĂ©nĂ©tique formulĂ©e dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de lâentendement. 24 Ăthique II, Proposition XL, scolie 2. 25 Il est important de rapprocher cette distinction intrinsĂšque, du point de vue de la vĂ©ritĂ©, entre suivre une rĂšgle en connaissant ou en ignorant sa nĂ©cessitĂ©, de ce que Spinoza soutient Ă propos de la distinction intrinsĂšque, du point de vue Ă©thique, entre la conduite du sage et celle de lâignorant par rapport aux principes Ă©thiques. Le sage et lâignorant peuvent avoir une mĂȘme conduite, accomplir une mĂȘme action dâun point de vue extĂ©rieur tout en Ă©tant radicalement distincts du point de vue de la dĂ©termination intĂ©rieure. Ainsi, lâun interprĂšte une rĂšgle de vie comme une loi morale et est dĂ©terminĂ© Ă lâobĂ©ir par la peur du chĂątiment et lâespoir dâune rĂ©compense ; lâautre est au-dessus de la loi, câest-Ă -dire quâil est dĂ©terminĂ© Ă suivre cette rĂšgle de vie par la comprĂ©hension de la nĂ©cessitĂ© par laquelle elle est liĂ©e Ă ses effets immanents, et par la comprĂ©hension de son utilitĂ© comme moyen pour parvenir Ă la libertĂ© et au bonheur voir lettre XIX Ă Blyenbergh et Ăthique IV, Propositions LIX et LXIII. Le premier est esclave des passions tristes engendrĂ©es par sa connaissance inadĂ©quate, lâautre est un homme libre qui agit dĂ©terminĂ© par sa connaissance adĂ©quate et par les affects actifs qui en dĂ©coulent joie et amour intellectuel. De mĂȘme quâil ne suffit pas de parvenir Ă une conclusion correcte en suivant une rĂšgle dont on ignore la nĂ©cessitĂ© pour ĂȘtre dans la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©, de mĂȘme il ne suffit pas de conformer notre conduite Ă une loi dont on ignore la nĂ©cessitĂ© et lâutilitĂ© pour ĂȘtre dans la sphĂšre de lâactivitĂ© Ă©thique et de la libertĂ©. La simple conformitĂ©, Ă lâobjet ou Ă la rĂšgle, dĂ©tachĂ©e des raisons qui la justifient, est Ă©galement insuffisante dans les deux cas. Ce rapprochement indique â sans que nous puissions lâapprofondir ici â lâextrĂȘme importance qui sera accordĂ©e Ă la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de lâidĂ©e vraie adaequatio pour fonder la supĂ©rioritĂ© Ă©thique du sage face Ă lâignorant. 26 AT-VII-35 AT » renvoie aux Ćuvres de Descartes, Ă©d. Charles Adam et Paul Tannery, Paris, LĂ©opold Cerf, 1897â1909 ; réédition Vrin-CNRS, 11 vol., 1964â1974. 27 AT-IX-48. 28 Cf. G. H. R. Parkinson, Truth Is Its Own Standard Aspects of Spinozaâs Theory of Truth », in Shahan and Biro eds., Spinoza New Perspectives, University of Oklahoma Press, 1978, p. 44, et M. Della Rocca, Representation and the Mind-Body Problem in Spinoza, Oxford University Press, 1996, p. 109. 29 Ăthique II, Proposition XLI, dĂ©monstration, et Proposition XXVIII. 30 Ibid., Proposition XLI. 31 Ăthique II, Proposition XVII, scolie et Proposition XLIX, scolie. 32 Ăthique IV, Proposition I, dĂ©monstration et scolie. 33 Pour la distinction entre lâobjet directement reprĂ©sentĂ© et lâobjet indirectement reprĂ©sentĂ© par lâidĂ©e dâaffection, voir Ăthique II, Proposition XVI, et ses deux corollaires. 34 Ăthique II, Proposition XXVIII. 35 Bien entendu, ce nâest pas par lâidĂ©e inadĂ©quate que nous pouvons savoir quâelle sâaccorde avec lâaffection, câest-Ă -dire quâelle indique effectivement la maniĂšre dont nous sommes affectĂ©s par les choses extĂ©rieures, mais par notre connaissance adĂ©quate de lâorigine et de la nature de la connaissance imaginative. 36 Cette idĂ©e est lâĂ©quivalent Ă©pistĂ©mique de la passion joyeuse. Celle-ci naĂźt dâun accord entre des individus qui se rencontrent, cet accord entre leurs natures Ă©tant cause de joie, câest-Ă -dire dâune augmentation positive de puissance. NĂ©anmoins, cet accord et cette positivitĂ© ne sont pas suffisants pour caractĂ©riser ces individus comme des individus actifs, de mĂȘme que la positivitĂ© de lâidĂ©e inadĂ©quate et son accord fortuit » avec lâaffection du corps ne sont pas suffisants pour la caractĂ©riser comme vraie. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Marcos AndrĂ© GLEIZER, Remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza », Philonsorbonne, 5 2011, 119-135. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Marcos AndrĂ© GLEIZER, Remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza », Philonsorbonne [En ligne], 5 2011, mis en ligne le 03 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits dâauteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
Affirmer que chacun a sa vĂ©ritĂ© propre induit qu'il y a une infinitĂ© de vĂ©ritĂ©s. Mais dans ce cas, les vĂ©ritĂ©s considĂ©rĂ©es comme universelles ne le seraient pas, car chaque personne pourrait admettre que cette vĂ©ritĂ© n'est pas la sienne. Comment peut-on considĂ©rer que chacun a sa vĂ©ritĂ© et admettre cependant qu'il n'y a qu'une vĂ©ritĂ© propre Ă tous? Chaque personne est diffĂ©rente et il semble donc logique d'admettre que chacune d'elle ait sa vĂ©ritĂ© propre. Mais certaines vĂ©ritĂ©s sont indiscutables ce qui inclut qu'elles sont universelles et donc commune Ă chacun de nous. Mais peut ĂȘtre que si nous considĂ©rons une rĂ©alitĂ© donnĂ©e la vĂ©ritĂ© y est alors diffĂ©rente et toute interprĂ©tation est alors propre Ă chaque cas. I. Admettre tout comme vrai amĂšne fatalement Ă des contradictions La premiĂšre rĂ©ponse qui nous vient Ă l'esprit est qu'il y a autant de vĂ©ritĂ©s que de personnes une premiĂšre solution est d'admettre que notre monde est constituĂ© d'une multitude de personnes toutes aussi diffĂ©rentes que possible les unes des autres, et donc par consĂ©quent qu'il semble logique qu'elles puissent chacune avoir une vĂ©ritĂ© diffĂ©rente. Comment la diversitĂ© des hommes inclut une vĂ©ritĂ© propre Ă chacun? Et admettre qu'il n'y a qu'une seule vĂ©ritĂ© ne serait pas une Ă©troitesse d'esprit et considĂ©rĂ©e comme de l'intolĂ©rance? Mais accepter chaque vĂ©ritĂ© inclut une opposition Ă un certain moment entre plusieurs d'entre elles, dans ce cas atteindrait-on la limite entre la vĂ©ritĂ© et la faussetĂ©? La diffĂ©rence des hommes inclut une multitude de vĂ©ritĂ©s, chaque personne est diffĂ©rente, a son propre vĂ©cu, sa propre identitĂ© et donc sa perception de la rĂ©alitĂ© cf Protagoras l'homme est la mesure de toute chose », un sophiste qui appuie cette thĂšse. Moi qui est mon propre caractĂšre et est vĂ©cu ma vie avec mes propres expĂ©riences ne peut pas considĂ©rer vrai les mĂȘmes choses que mon voisin de palier. Par exemple, l'Ă©ducation que j'ai reçu est diffĂ©rente de celui-ci et donc pour chacun de nous apparaĂźtra une vĂ©ritĂ© propre sur l'Ă©ducation des enfants. Et les exemples sont illimitĂ©s! Prenons un enfant qui a Ă©tĂ© bercĂ© dans la musique depuis sa plus tendre enfance et un autre qui au contraire n'en a que peu ou pas Ă©coutĂ©, le premier aura une sensibilitĂ© Ă la musique et des facilitĂ©s dans ce domaine alors que le second aura du mal Ă pĂ©nĂ©trer dans ce monde inconnu pour lui. Ces deux enfants ont chacun leur propre expĂ©rience et vĂ©ritĂ© Ă ce sujet et il est bien normal de penser cela vu le bagage de chacun. C'est une forme de tolĂ©rance que d'admettre les idĂ©es des autres et notre monde prĂŽne celle-ci donc logiquement il faut admettre toutes ces vĂ©ritĂ©s si l'on veut respecter nos convictions. Prenons le sujet Ă©pineux qu'est la religion. En France, par exemple, la laĂŻcitĂ© est de mise. Pour certains il est vrai que Dieu existe, pour les athĂ©es c'est le contraire. Les deux types de personnes se reconnaissent sans pour autant changer d'avis sur leur position ni essayer de soumettre l'autre. Si on considĂ©rait qu'il n'y avait qu'une seule et unique vĂ©ritĂ©, on ne permettrait pas au gens d'avoir la libertĂ© de choisir. On leur imposerait une vĂ©ritĂ© qui serait celle d'un autre. Alors qui dĂ©ciderait qui est celui Ă qui appartient cette vĂ©ritĂ©? Pourquoi privilĂ©gier cette vĂ©ritĂ© Ă une autre? Cependant admettre toute les vĂ©ritĂ©s inclut des contradictions dans celles-ci. Si Monsieur X affirme qu'une plante est verte grĂące Ă la chlorophylle et que Monsieur Y affirme que la couleur de ce vĂ©gĂ©tal n'a rien Ă voir avec cet Ă©lĂ©ment un problĂšme se créé. Nous avons admis que toutes les vĂ©ritĂ©s sont bonnes mais si deux vĂ©ritĂ©s sont opposĂ©es ceci sous-entend que l'une des deux est fausse. On peut alors se rendre compte qu'admettre que toutes les vĂ©ritĂ©s sont bonnes n'est peut ĂȘtre pas une bonne chose. Et admettre que chacun Ă sa vĂ©ritĂ© est imposer sa vĂ©ritĂ© aux autres alors que c'est justement ce que veulent dĂ©noncer les sophistes. Nous nous rendons donc compte que cette thĂšse est en elle mĂȘme contradictoire, alors comment dĂ©fendre une telle opinion? II. Certaines vĂ©ritĂ©s ne sont cependant pas vraies pour tout le monde La solution pourrait alors ĂȘtre le fait qu'une seule et unique vĂ©ritĂ© existe. Comment la vĂ©ritĂ© surmonte la diversitĂ© des hommes pour se faire universelle? Les vĂ©ritĂ©s propres ne seraient-elles pas une simple opinion? Cela signifie-t-il alors que nous ne sommes soumis qu'Ă une unique vĂ©ritĂ©? Certaines vĂ©ritĂ©s sont considĂ©rĂ©es comme universelles. Par exemple, tout le monde est d'accord pour dire le soleil se lĂšve Ă l'est et se couche Ă l'ouest. Que l'on soit africain, amĂ©ricain, petit, grand, excentrique ou Ă©gocentrique on admet toujours que le soleil apparaĂźt Ă l'est le matin pour disparaĂźtre Ă l'ouest le soir. En mathĂ©matiques, le carrĂ© de 4 sera toujours 16 et cela envers et malgrĂ© tout. Si on laisse l'opportunitĂ© aux gens de dĂ©terminer ce qui est vrai ou faux comment sauront nous ce qui l'est ou pas? Notre monde n'aura plus aucune base. Tout serait basĂ© sur le scepticisme cf Pyrrhon, chaque vĂ©ritĂ© pourrait ĂȘtre rĂ©futĂ©e par une autre. Le monde serait alors dans la plus totale confusion. Mais ces vĂ©ritĂ©s particuliĂšres dĂ©pendraient donc de la personne. Cela n'induirait-il pas que ce que nous pensons ĂȘtre une vĂ©ritĂ© n'est en faite qu'une opinion? Je pense qu'il est vrai que faire son devoir de philosophie en derniĂšre minute aide Ă ĂȘtre concentrĂ© sur celui-ci et Ă ĂȘtre plus motivĂ©. Mais en fait cette vĂ©ritĂ© semble m'ĂȘtre propre car d'autres diront le contraire. N'est-ce donc pas une opinion personnelle si cette vĂ©ritĂ© m'est particuliĂšre? Ainsi une opinion ne peut pas ĂȘtre une vĂ©ritĂ© puisqu'elle n'est valable que dans certains cas. Mais considĂ©rer qu'une seule vĂ©ritĂ© nous rĂ©git semble tout de mĂȘme Ă©trange. Comment une seule et unique vĂ©ritĂ© peut rĂ©genter la vie de milliard de personnes si diffĂ©rentes. Peut ĂȘtre pouvons nous considĂ©rer des vĂ©ritĂ©s propres Ă des groupes de personnes regroupant les mĂȘmes critĂšres. Chez les Ă©cologistes, il est vrai que dĂ©fendre notre planĂšte est une prioritĂ© mais ceux qui ne pensent qu'au rendement et Ă l'argent n'auront pas les mĂȘmes prioritĂ©s, eux seront basĂ©s sur le profit avant tout. Chaque vĂ©ritĂ© est bonne car elles dĂ©finissent chacune un groupe de personnes diffĂ©rent et donc nous pouvons les admettre toutes les deux. Nous pouvons donc constater que malgrĂ© des vĂ©ritĂ©s universelles, il faut considĂ©rer des vĂ©ritĂ©s plus propres aux individus car certaines vĂ©ritĂ©s ne sont pas vraies pour tout le monde. III. Le partage d'une vĂ©ritĂ© dĂ©pend du contexte dans lequel on se place Finalement aprĂšs avoir admis les deux hypothĂšses prĂ©cĂ©dentes et vu leurs limites, on peut considĂ©rer de maniĂšre rationnelle que puisque chacun perçoit le monde qui l'entoure Ă sa maniĂšre la vĂ©ritĂ© dĂ©pend de la rĂ©alitĂ© considĂ©rĂ©e. En quoi peut-on admettre qu'il n'y a pas vĂ©ritĂ© propre Ă chacun? Et comment Ă l'inverse pouvons nous admettre qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© unique? Puisque chaque personne est diffĂ©rente et qu'elle perçoit le monde qui l'entoure selon ses propres critĂšres, peut-on affirmer qu'il y a Ă la fois une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale et d'autres spĂ©cifiques Ă une certaine rĂ©alitĂ©? La vĂ©ritĂ© ne peut pas ĂȘtre propre Ă chacun car certaines vĂ©ritĂ©s sont universelles. Si on laissait le loisir Ă chacun de choisir si oui ou non il est d'accord avec telle ou telle vĂ©ritĂ© celle-ci n'aurait plus aucune valeur! En mathĂ©matiques, il est prouvĂ© que la somme des angles d'un triangle est Ă©gale Ă 180° dans tous les cas. Si on pouvait contester ce thĂ©orĂšme tout ce qui en dĂ©coule serait aussitĂŽt remis en cause. Et il en est de mĂȘme pour toutes les vĂ©ritĂ©s. Admettre que chacun possĂšde sa vĂ©ritĂ© est admettre qu'il n'y a aucune vĂ©ritĂ© universelle, ce qui semble impossible Ă accepter. Mais revient le problĂšme des contradictions et des paradoxes. Accepter toutes les vĂ©ritĂ©s signifie que nous acceptons des vĂ©ritĂ©s contraires, ce qui est aberrant. Comment admettre A et non-A en mĂȘme temps? Et si l'on revient Ă la thĂšse mĂȘme, admettre Ă chacun sa vĂ©ritĂ© » signifie que l'on impose sa vĂ©ritĂ© aux autres. Avec tous ces Ă©lĂ©ments, il semble donc impossible d'accepter la thĂšse sophiste selon laquelle chacun possĂšde sa vĂ©ritĂ©. Mais accepter qu'il n'y ait qu'une unique vĂ©ritĂ© ne semble pas non plus une bonne solution. Le sang humain contient des globules rouges et blancs, mais il existe des personnes qui sont dĂ©pourvus de globules blancs. Cependant ils sont humains et leur sang l'est aussi. Ceci signifie donc que mĂȘme si une vĂ©ritĂ© est gĂ©nĂ©rale une exception peut exister et donc du coup cette vĂ©ritĂ© qui semblait universelle ne l'est plus. Donc il est vrai de dire que certaines vĂ©ritĂ©s ne le sont pas pour tous. La grammaire de la langue française est aussi faite de beaucoup de rĂšgles comportant des exceptions. Nous pouvons donc concĂ©der que mĂȘme les plus grandes vĂ©ritĂ©s peuvent ĂȘtre devenir fausses dans certains cas. Donc il n'y a pas qu'une seule vĂ©ritĂ©. Chaque ĂȘtre humain est diffĂ©rent et ces diffĂ©rences lui permettent d'apprĂ©hender le monde qui l'entoure selon ses propres critĂšres, il vit dans sa rĂ©alitĂ©. N'est-ce justement pas cette rĂ©alitĂ© qui dĂ©termine nos vĂ©ritĂ©s? Par exemple, les libanais ont vĂ©cu une guerre cet Ă©tĂ©, ils savent ce qu'est la guerre rĂ©ellement. Nous ne pouvons que nous l'imaginer, et encore si on prend cette peine. Ils savent ce que c'est d'avoir la crainte de ne pas passer la nuit et de voir leurs proches dĂ©cĂ©der brutalement. Cet Ă©tĂ© c'est cela leur rĂ©alitĂ©. Pour nous, europĂ©ens, c'Ă©tait les vacances et il faisait chaud. Comment pouvons nous admettre que nous avons les mĂȘmes vĂ©ritĂ©s que des personnes dans des situations diffĂ©rentes? Il faut tout de mĂȘme savoir que pour chaque rĂ©alitĂ© existe des vĂ©ritĂ©s communes. Ce qui signifie qu'il y a tout de mĂȘme des vĂ©ritĂ©s universelles mĂȘme s'il y en a aussi des particuliĂšres. Les unes complĂštent les autres. Pour revenir Ă la guerre du Liban, libanais et europĂ©ens savaient qu'il y avait cette guerre et qu'il y avait des morts. MĂȘme si ce n'Ă©tait pas du ressort de notre expĂ©rience pour nous, tous sont d'accord pour affirmer cela. Et nous pouvons aussi le dĂ©montrer dans beaucoup d'autres situations. Conclusion Pour rĂ©pondre au problĂšme de savoir si la vĂ©ritĂ© Ă©tait gĂ©nĂ©rale ou particuliĂšre, nous avons du montrer comment celle-ci pouvait ĂȘtre particuliĂšre Ă chacun grĂące Ă sa propre expĂ©rience. Mais en admettant cette hypothĂšse des contradictions se crĂ©ent et donc nous nous sommes penchĂ© sur l'hypothĂšse qu'il n'y a qu'une unique vĂ©ritĂ©. Cependant lĂ aussi des limites se dĂ©voilent. Finalement, nous avons dĂ©terminĂ© que c'est la rĂ©alitĂ© considĂ©rĂ©e qui dĂ©termine la nature des vĂ©ritĂ©s Ă prendre en compte. C'est donc cette possibilitĂ© que nous avons retenu, ce n'est donc pas la pluralitĂ© de la vĂ©ritĂ© qui est remise en cause mais bien la rĂ©alitĂ© qui la dĂ©termine.
Deux fois par mois, Le Devoir lance Ă des passionnĂ©s de philosophie et dâhistoire des idĂ©es le dĂ©fi de dĂ©crypter une question dâactualitĂ© Ă partir des thĂšses dâun penseur marquant. La gouverneure gĂ©nĂ©rale du Canada, Julie Payette, a créé un certain Ă©moi lâautomne dernier lorsquâelle a mis en opposition science et religion en se disant Ă©tonnĂ©e que lâon soit encore en train de nous demander si la vie est le rĂ©sultat dâune intervention divine ou si elle rĂ©sulte dâun processus naturel ou alĂ©atoire ». Ceux qui ont dĂ©noncĂ© ces propos ont chacun Ă leur façon soutenu quâil nây avait pas dâopposition entre science et religion et que ces deux domaines Ă©taient plutĂŽt complĂ©mentaires. Quâen aurait pensĂ© le philosophe britannique Bertrand Russell 1872-1970 ? MathĂ©maticien, scientifique, homme politique, romancier et libre-penseur, Bertrand Russell est lâun des plus brillants intellectuels du XXe siĂšcle. Il est surtout connu pour son cĂ©lĂšbre argument de la thĂ©iĂšre » par lequel il rĂ©fute les arguments en faveur de lâexistence de Dieu voir lâencadrĂ©. Russell se dĂ©clarait philosophiquement agnostique â parce que la science ne peut ni prouver ni rĂ©futer certaines croyances religieuses â mais athĂ©e en pratique, parce quâon ne peut croire quâen ce qui est dĂ©montrĂ© par la science. Photo Pedro Ruiz Le Devoir Daniel Baril Critique virulent de la religion, Russell affirme, dans Religion and Science 1935, quâ un credo religieux diffĂšre dâune thĂ©orie scientifique en ce quâil prĂ©tend exprimer la vĂ©ritĂ© Ă©ternelle et absolument certaine, tandis que la science garde un caractĂšre provisoire [âŠ]. La science nous incite donc Ă abandonner la recherche de la vĂ©ritĂ© absolue, et Ă y substituer ce quâon peut appeler la vĂ©ritĂ© âtechniqueâ, qui est le propre de toute thĂ©orie permettant de faire des inventions ou de prĂ©voir lâavenir ». Ă la lumiĂšre de cet extrait, science et religion ne sont pas complĂ©mentaires mais plutĂŽt en compĂ©tition pour la recherche de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© technique » dont parle Russell est celle issue de thĂ©ories vĂ©rifiĂ©es par des expĂ©riences reproductibles et qui nous permet de comprendre notre environnement et dâagir sur lui. Pour le philosophe, le credo religieux » relĂšve des faiblesses de lâesprit humain alors que la dĂ©marche scientifique relĂšve de ses forces. Le conflit entre science et religion repose donc sur des questions essentielles, comme lâorigine et lâĂ©volution de la vie auxquelles fait rĂ©fĂ©rence Julie Payette. Si certaines Ăglises ont fini par abandonner des croyances mythologiques comme lâexistence historique dâAdam et Ăve, câest en espĂ©rant garder la citadelle intacte » sur ce qui est fondamental, avance Russell. Les comment et les pourquoi Ceux qui considĂšrent que science et religion sont complĂ©mentaires soutiennent souvent que la science rĂ©pond aux comment » alors que la religion rĂ©pond aux pourquoi ». La science nous dirait comment les choses fonctionnent et la religion nous dirait pourquoi ça arrive. Cet argument ne tient pas dans la perspective russellienne. Toute connaissance accessible doit ĂȘtre atteinte par des mĂ©thodes scientifiques, Ă©crit-il. Et ce que la science ne peut pas dĂ©couvrir, lâhumanitĂ© ne peut pas le connaĂźtre. » Si la religion nâapporte pas de connaissance, elle ne rĂ©pond donc ni aux comment ni aux pourquoi. Le physicien français Jean Bricmont a dâailleurs dĂ©moli cet argument des rĂ©ponses spĂ©cifiques Ă chacune. Selon sa dĂ©monstration, la distinction entre comment et pourquoi est une fausse dichotomie puisque les seuls pourquoi auxquels nous pouvons raisonnablement apporter une rĂ©ponse sont en fait des comment. Il sâagit de la version moderne de lâillusion mĂ©taphysique Ă laquelle sâĂ©tait attaquĂ© Emmanuel Kant en montrant quâune croyance qui prĂ©tend ĂȘtre un savoir devient une illusion. Si les croyances religieuses peuvent aider Ă donner un sens Ă la vie, il nâexiste aucun moyen de tester ces rĂ©ponses qui peuvent varier Ă lâinfini. Si nâimporte quelle rĂ©ponse est possible, cela Ă©quivaut Ă une absence de rĂ©ponse. Ces rĂ©ponses ne complĂštent pas les inconnues de la science puisquâelles ne se situent pas sur le plan des connaissances scientifiques. Il nây a donc pas plus de complĂ©mentaritĂ© entre science et religion lorsquâon aborde la relation sous lâangle des pourquoi et des comment. Les rĂ©ponses fiables aux comment sont ce que Russell appelle les vĂ©ritĂ©s techniques ». Le NOMA Si la science et la religion constituent deux sphĂšres diffĂ©rentes, on pourrait soutenir quâelles peuvent tout de mĂȘme cohabiter sans conflit si elles nâempiĂštent pas lâune sur lâautre. Câest la position du NOMA Non-Overlapping Magisteria, ou non-recouvrement des magistĂšres, pour employer lâexpression du palĂ©ontologue Stephen Jay Gould. LĂ encore Russell ne serait pas dâaccord. Pour le philosophe, non seulement la religion nâest pas complĂ©mentaire Ă la science, mais elle lui est grandement nuisible. Il avance notamment les exemples du procĂšs contre GalilĂ©e et le rejet de la thĂ©orie de lâĂ©volution, deux conflits majeurs dans la recherche de la vĂ©ritĂ© » et qui sont toujours dâactualitĂ©. Lorsque Stephen Hawking, par exemple, dĂ©clarait quâ il nâest nul besoin dâinvoquer Dieu pour quâil allume la mĂšche et fasse naĂźtre lâUnivers », le pape François rĂ©cupĂ©rait et dĂ©formait grossiĂšrement les thĂ©ories de la physique quantique en soutenant que le big bang ne contredit pas lâintervention divine de Dieu mais la requiert ». Concernant lâĂ©volution, les croyances religieuses constituent toujours un obstacle pour faire accepter cette thĂ©orie explicative, comme lâa dĂ©plorĂ© Julie Payette. MĂȘme si Jean-Paul II a reconnu que cette thĂ©orie est plus quâune hypothĂšse », les religions la rĂ©cupĂšrent et la dĂ©naturent en soutenant que Dieu a voulu que les choses soient ainsi. On pourrait ajouter les exemples de transfusion sanguine et de vaccination refusĂ©es au nom de croyances religieuses. Pour Russell, la science est toujours sortie victorieuse de ces conflits avec la religion, et ce, pour le plus grand bien de lâhumanitĂ©. LĂ oĂč des questions pratiques Ă©taient en jeu comme pour la sorcellerie et la mĂ©decine, Ă©crit-il, la science a prĂŽnĂ© la diminution des souffrances, tandis que la thĂ©ologie a encouragĂ© la sauvagerie naturelle de lâhomme. La diffusion de la mentalitĂ© scientifique, par opposition Ă la mentalitĂ© thĂ©ologique, a incontestablement amĂ©liorĂ© jusquâici la condition humaine. » Science et religion ne sont donc pas deux magistĂšres sĂ©parĂ©s ; la religion empiĂšte inĂ©vitablement sur les platebandes de la science dans ses prĂ©tentions Ă la vĂ©ritĂ©. Il subsiste toutefois un domaine oĂč science et religion ne sont pas en conflit, selon Russell celui de lâ Ă©motion mystique », ou Ă©tat dâesprit religieux ». Bien que la science demeure pour lui la seule mĂ©thode pour parvenir Ă la connaissance, il reconnaĂźt la valeur des expĂ©riences qui [dans le domaine des Ă©motions] ont donnĂ© naissance Ă la religion. Par suite de leur association Ă de fausses croyances, elles ont fait autant de mal que de bien ; libĂ©rĂ©es de cette association, on peut espĂ©rer que le bien seul restera ». Russell estimait donc que les institutions religieuses et leurs credo thĂ©ologiques pourraient en venir Ă disparaĂźtre face aux succĂšs de la science et que seul subsisterait lâ esprit religieux » qui leur a donnĂ© naissance et qui est porteur dâune vĂ©ritable sagesse ». Lâesprit religieux et mĂȘme la piĂ©tĂ© religieuse » dont parle le philosophe se caractĂ©risent par lâamour de lâhumanitĂ© et la confiance en ses capacitĂ©s et en son avenir. Cette Ă©thique guidĂ©e par la raison et inspirĂ©e par la compassion envers ses semblables est ce que lâon appelle aujourdâhui lâidĂ©al de lâhumanisme laĂŻque. Bref, la rĂšgle dâor qui devrait nous guider en tout temps et en tout lieu. Ignorance et relativisme PrĂšs de 50 ans aprĂšs la mort de Russell et malgrĂ© lâavancĂ©e fulgurante des connaissances scientifiques, on peut sâĂ©tonner du retour de la religion dans la sociĂ©tĂ©. Pour Russell, la religion est dâabord et avant tout fondĂ©e sur la crainte de ce qui est mystĂ©rieux, crainte de lâĂ©chec, crainte de la mort », autant de craintes soutenues par lâignorance. Il a de ce fait dĂ©laissĂ© les causes biologiques des Ă©motions et autres habiletĂ©s Ă lâorigine de lâ esprit religieux » et de la compassion. Ces causes naturelles ne disparaissent pas avec lâavancement des connaissances. Son diagnostic peut nĂ©anmoins ĂȘtre appliquĂ© au retour du religieux le fait que la science invalide les croyances thĂ©ologiques peut susciter angoisse et crainte chez le mortel. Pour Ă©viter la dissonance cognitive qui en rĂ©sulte, lâesprit du croyant rĂ©agit en se rĂ©fugiant dans le relativisme, oĂč science et croyance ont la mĂȘme valeur, confortĂ© en cela par les philosophes postmodernistes. Lâargument de la thĂ©iĂšre Si je suggĂ©rais quâentre la Terre et Mars se trouve une thĂ©iĂšre de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que jâaie pris la prĂ©caution de prĂ©ciser que la thĂ©iĂšre est trop petite pour ĂȘtre dĂ©tectĂ©e par nos plus puissants tĂ©lescopes. Mais si jâaffirmais que, comme ma proposition ne peut ĂȘtre rĂ©futĂ©e, il nâest pas tolĂ©rable pour la raison humaine dâen douter, on me considĂ©rerait aussitĂŽt comme un illuminĂ©. Cependant, si lâexistence de cette thĂ©iĂšre Ă©tait dĂ©crite dans des livres anciens, enseignĂ©e comme une vĂ©ritĂ© sacrĂ©e tous les dimanches et inculquĂ©e aux enfants Ă lâĂ©cole, alors toute hĂ©sitation Ă croire en son existence deviendrait un signe dâexcentricitĂ© et vaudrait au sceptique les soins dâun psychiatre Ă une Ă©poque Ă©clairĂ©e, ou de lâInquisiteur en des temps plus anciens. » Is there a God ?, 1952 Des commentaires ? Ăcrivez Ă Robert Dutrisac rdutrisac Pour lire ou relire les anciens textes du Devoir de philo. Ă voir en vidĂ©o
Voici les sujets de philosophie et les corrigĂ©s de la premiĂšre Ă©preuve passĂ©e ce lundi par les candidats au Bac 2014. En partenariat avec Philosophie Magazine consultez les sujets et pistes de rĂ©flexion pour l'introduction et la problĂ©matisation et ainsi pour comprendre si vous avez dissertĂ© ou expliquĂ© le texte dans le bon sens...Les sujets du Bac philo 2014SĂ©rie L LittĂ©rairecoef 7Sujet 1 Les Ćuvres d'art Ă©duquent-elles notre perception ?Sujet 2 Doit-on tout faire pour ĂȘtre heureux ?Sujet 3, explication de texte Karl Popper, La Connaissance objective», 1972SĂ©rie ES Economiquecoef 4Sujet 1 Suffit-il d'avoir le choix pour ĂȘtre libre ?Sujet 2 Pourquoi chercher Ă se connaĂźtre soi-mĂȘme ?Sujet 3, explication de texte Hannah ARENDT, Condition de lâhomme moderne, 1958SĂ©rie S Scientifiquecoef 3Sujet 1 Vivons-nous pour ĂȘtre heureux ?Sujet 2 L'artiste est-il maĂźtre de son Ćuvre ?Sujet 3, explication de texte RenĂ© Descartes - RĂšgles pour la direction de lâesprit, 1628Bac Techno SĂ©rie TMDTechniques de la Musique et de la Danse coef 3Sujet 1 La diversitĂ© des cultures fait-elle obstacle Ă lâunitĂ© du genre humain ?Sujet 2 Peut-on ĂȘtre indiffĂ©rent Ă la vĂ©ritĂ© ?Sujet 3, explication de texte KANT, Doctrine de la vertu, Techno / toutes sĂ©riesSujet 1 Les Ă©changes sont-ils toujours intĂ©ressĂ©s ?Sujet 2 Une vĂ©ritĂ© peut-elle ĂȘtre dĂ©finitive ?Sujet 3 Texte extrait du Gorgias de Platon + questions sur le texte dont "Celui qui vit dans l'injustice et qui cherche Ă Ă©chapper Ă la punition est-il le plus malheureux des hommes ?"Bac pourquoi la philo ouvre le bal des Ă©preuves ?Les corrigĂ©s du Bac Philo 2014Avertissement il ne sâagit ici que de pistes de rĂ©flexion et non dâune copie type nĂ©cessairement attendue par vos correcteurs. Dâautres approches, dâautres thĂšses et arguments sont Bac Philo SĂ©rie L Doit-on tout faire pour ĂȘtre heureux ?Introduction/ la diffĂ©rence de lâanimal, lâhomme ne se contente pas du bien-ĂȘtre physique et psychique et dâun Ă©tat de contentement de ses besoins. AnimĂ© par le dĂ©sir, il est en quĂȘte dâune satisfaction absolue, dâun Ă©tat de plĂ©nitude durable oĂč la perception du manque a disparu et quâon appelle rĂ©guliĂšrement le bonheur. De ce fait, la vie de lâhomme sâorganise, consciemment ou non, autour de cette visĂ©e du bonheur. Est-ce Ă dire que lâhomme a lâobligation dâĂȘtre heureux ? Si lâon prend le terme en un sens moral, il semble que le devoir de tout faire pour ĂȘtre heureux nâexiste pas en effet, nos devoirs sâadressent principalement Ă autrui et, dans le cas prĂ©sent, on ne voit pas bien de quelle violation dâun principe moral autrui pourrait ĂȘtre victime si je ne fais pas tout pour ĂȘtre heureux. Dans le mĂȘme temps, ne peut-on pas considĂ©rer quâil existe une forme de devoir envers soi-mĂȘme qui nous ordonne de fuir le malheur, dâentretenir lâespoir et de mener son existence selon lâidĂ©e que lâon se fait dâune vie bonne, digne dâĂȘtre vĂ©cue ?Mais si lâon entend ici quâil sâagit de se donner tous les moyens possibles pour ĂȘtre heureux, le verbe devoir prend le sens dâun impĂ©ratif pratique et le problĂšme devient tout autre. En effet, il faut travailler Ă son bonheur, sâen donner les moyens pour parvenir aux buts auxquels on identifie lâobtention du bonheur. Cependant, rien ne la garantie jamais car, premiĂšrement, il nâexiste pas de recette tout faite, toute prĂȘte pour le bonheur et, deuxiĂšmement, parce que la visĂ©e effrĂ©nĂ©e du bonheur risque dâentretenir une Ă©tat dâinsatisfaction permanent incompatible avec sa dĂ©finition mĂȘmeâŠRetrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie L Les Ćuvres dâart Ă©duquent-elles notre perception ?Introduction/ProblĂ©matisation. La perception dĂ©signe d'abord notre maniĂšre de prendre conscience de la rĂ©alitĂ© qui nous entoure Ă travers nos sens. Percevoir, c'est, en un sens, sentir. Or l'art s'adresse prĂ©cisĂ©ment Ă notre sensibilitĂ©. C'est un objet matĂ©riel, sensible prĂ©cisĂ©ment et qui en tant que tel va prĂ©cisĂ©ment ĂȘtre perçu. DĂšs lors, on peut se demander dans quelle mesure l'Ćuvre d'art Ă©duque notre perception. Cette question a deux significations d'une part il s'agit de savoir si la perception peut s'Ă©duquer ? Est-elle donnĂ©e, et donc immuable, ou au contraire acquise et pouvant alors subir une Ă©ducation et une Ă©volution? D'autre part, la question est aussi de savoir si l'Ćuvre d'art reprĂ©sente le bon outil pour une Ă©ducation de la perception. Dans la mesure oĂč l'Ćuvre d'art est fictive, produit de l'imagination, ne risque-t-elle pas au contraire de dĂ©former notre perception ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie L Explication de texte Karl Popper, La connaissance objective, 1972Introduction/ProblĂ©matisation. Ce texte fait deux choses d'une part, Popper dĂ©finit ce qu'il faut entendre par dĂ©terminisme physique, d'autre part, il en fait la critique. D'une part, donc, il s'agit bien de montrer que le dĂ©terminisme peut prendre plusieurs significations. Ce Ă quoi s'intĂ©resse ici Popper est l'un de ces sens, le dĂ©terminisme physique dont il faudra donc prĂ©ciser la signification. D'autre part, il s'agit pour Popper d'en faire la critique. A travers la dĂ©finition qu'il en donne et les implications qu'il en tire, Popper cherche Ă nous montrer que ce dĂ©terminisme constitue un vĂ©ritable "cauchemar" dans la mesure oĂč il implique que nous ne sommes absolument pas libres mais ne sommes que de "petits rouages". Il s'agit donc pour Popper de montrer en quoi les implications de ce dĂ©terminisme rendent celui-ci intenable. Pour cela, le texte est assez clairement structurĂ© en trois paragraphesâŠRetrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Suffit-il d'avoir le choix pour ĂȘtre libre ?Introduction/ - 399, Socrate est condamnĂ© Ă mort au motif qu'il a corrompu la jeunesse et qu'il n'a pas respectĂ© les dieux de la citĂ©. Mais ses amis le pressent de quitter AthĂšnes pour Ă©chapper Ă cette sentence injuste. Socrate pourtant refuse il dĂ©cide de se donner la mort en buvant la ciguĂ«. Cet Ă©pisode cĂ©lĂšbre de l'histoire de la philosophie donne Ă rĂ©flĂ©chir Socrate, en se suicidant a-t-il agi librement ? Son choix est-il bien celui d'un homme libre ?Choisir, c'est opter, donner sa prĂ©fĂ©rence Ă une chose plutĂŽt qu'Ă une autre. Se demander si avoir le choix suffit Ă ĂȘtre libre revient Ă faire du choix l'essence de la libertĂ©. Mais ainsi formulĂ© le sujet jette le doute sur cette identification. De fait si, lors d'une exĂ©cution capitale, on laisse au condamnĂ© le choix du mode d'exĂ©cution de la sentence, le choix n'est-il pas un faux choix ? Saint Paul en dĂ©cidant d'ĂȘtre dĂ©capitĂ© plutĂŽt que crucifiĂ©, parce qu'en tant que citoyen romain, ce choix lui est offert, aurait sans doute prĂ©fĂ©rĂ© rester en vie pour continuer sa mission Ă©vangĂ©lisatrice. Il semble donc qu' avoir le choix ne suffit pas Ă ĂȘtre libre. Peut-on soutenir pour autant que renoncer Ă choisir est un gage de libertĂ© ? On se doute que non car si ce renoncement est volontaire, il est encore le produit d'un choix et s'il ne l'est pas, il y a contrainte donc absence de libertĂ©. Tout le problĂšme consiste donc Ă savoir si on peut dĂ©terminer a priori le choix pour que celui-ci garantisse notre libertĂ© Comment savoir si un choix est rationnel ou pas ? N'est-ce pas toujours a posteriori qu'on peut juger que tel ou tel choix Ă©tait bien celui d'un homme libre ? Bref, si le choix n'est pas suffisant pour ĂȘtre libre, n'est-ce pas toujours Ă lui qu'il faut revenir pour signifier notre libertĂ© ? Plus classiquement, on demandera si la libertĂ© est rĂ©ductible au seul libre-arbitreâŠRetrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Pourquoi chercher Ă se connaĂźtre soi-mĂȘme ?Introduction/ProblĂ©matisation. Dans son Apologie de Socrate, Platon rapporte que la Pythie, prĂȘtresse du temple d'Apollon Ă Delphes avait affirmĂ© que Socrate Ă©tait le plus sage des Grecs. Or au fronton de ce mĂȘme temple Ă©tait gravĂ©e la formule "Connais-toi toi-mĂȘme". Peut-on en dĂ©duire que Socrate avait tirĂ© sa sagesse de la connaissance qu'il avait de lui-mĂȘme ? Au fond pourquoi se connaĂźtre soi-mĂȘme ?L'intĂ©rĂȘt que nous portons Ă nous-mĂȘmes ne fait guĂšre de doute ? Le goĂ»t du miroir, des arbres gĂ©nĂ©alogiques, des rĂ©seaux sociaux oĂč nous nous affichons, montre assez que nous sommes pour nous-mĂȘmes un intĂ©rĂȘt majeur. Mais ce rapport insatiable Ă soi relĂšve-t-il bien de la connaissance ? Ne s'agit-il pas plutĂŽt d'une tendance au narcissisme ? Comment donc dĂ©mĂȘler dans les causes qui nous incitent Ă nous observer nous-mĂȘmes celles qui sont subies et celles qui sont choisies ? Au fond il s'agit de savoir si la connaissance de soi peut servir un but louable ou si elle ne fait que nous enfermer dans notre ĂȘtre au point, paradoxalement, de nous y aliĂ©ner. Ou pour le dire autrement Quelle valeur attribuer Ă l'introspection ?On se demandera par consĂ©quent si la quĂȘte de la connaissance de soi est naturelle, pourquoi elle peut ĂȘtre aliĂ©nante et comment elle peut ĂȘtre le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Explication de texte Hannah Arendt, Condition de lâhomme moderne, 1958Introduction/ProblĂ©matisation. Ce texte a pour thĂšme lâĂ©volution technique et aborde la question de la diffĂ©rence entre lâoutil et la machine. Selon Arendt, cette diffĂ©rence apparaĂźt dans le fait mĂȘme de poser une question Ă propos de la machine quâon nâavait pas eu lâidĂ©e de poser Ă propos de lâoutil est-ce Ă la machine de sâadapter Ă lâhomme ou Ă celui-ci de sâadapter Ă la machine ? Pour lâauteur, cette question, en tant que telle, nâest pas intĂ©ressante et lâon ne doit pas y apporter de rĂ©ponse. En revanche, le fait quâon la pose rĂ©vĂšle une diffĂ©rence fondamentale qui constitue la thĂšse de lâextrait prĂ©sentĂ© durant le processus de fabrication, lâopĂ©rateur est entiĂšrement au service de la machine alors que lâoutil, lui, demeure au service de lâouvrier. En arriĂšre plan de cette observation, nous voyons apparaĂźtre une diffĂ©rence de relation fondamentale de lâhomme Ă la technique selon quâil sâagit de machine ou dâoutils. Partant, ce texte nous invite donc Ă caractĂ©riser lâoutil par rapport Ă la machine et Ă repĂ©rer une rupture dans lâĂ©volution technique puisque lâune nâapparaĂźt plus seulement comme lâamplification de lâautre la machine nâest pas seulement un outil plus performant mais un objet dâune autre nature, ayant des implications anthropologiques trĂšs le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S Vivons-nous pour ĂȘtre heureux ?Introduction/ sujet soulĂšve une problĂ©matique assez classique sur le bonheur celle de savoir quelle place nous devons/pouvons lui accorder dans nos existences. Le bonheur constitue d'une part une fin lĂ©gitime et mĂȘme universelle. On ne peut reprocher Ă personne de vivre pour ĂȘtre heureux, c'est-Ă -dire de chercher Ă atteindre le bonheur, et l'on peut mĂȘme donner Ă cette affirmation une portĂ©e universelle oui, nous vivons tous, universellement, pour ĂȘtre heureux, tant il est vrai que la dĂ©finition du bonheur est suffisamment relative Ă chacun pour que l'on puisse dire que tous les hommes veulent ĂȘtre heureux, quelqu'en soit la dans le mĂȘme temps, le bonheur est une fin incertaine. Vivre pour ĂȘtre heureux, cela signifie aussi chercher le bonheur Ă tout prix, ne vivre que pour ça. Or, pouvons-nous ainsi tout sacrifier pour le bonheur? Le bonheur constitue-t-il la seule et unique fin de notre existence? Il y a en effet d'autres buts que l'homme, en tant qu'ĂȘtre raisonnable, peut poursuivre et qui peuvent aller Ă l'encontre de leur bonheur individuel la vertu, la connaissance, la citoyennetĂ©, la libertĂ©.... Ainsi le bonheur est-il bien la seule fin de notre existence, au dĂ©triment de toutes les autres, oĂč notre humanitĂ© se joue aussi?... Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S Lâartiste est-il maĂźtre de son oeuvre ?Introduction/ProblĂ©matisation. On dit souvent dâune Ćuvre dâart quâelle a un auteur et quâelle appartient Ă un ensemble constituant lâĆuvre dâun artiste. Celui-ci est aussi considĂ©rĂ© comme possĂ©dant des dons techniques et un talent lui permettant de donner forme Ă ses inspirations. Sa supĂ©rioritĂ© par rapport au commun des mortels tient prĂ©cisĂ©ment Ă cette facultĂ© dâimposer Ă un support la forme quâil souhaite pour crĂ©er un Ćuvre inĂ©dite, reprĂ©sentant ses aspirations. Par ces diffĂ©rents aspects, lâartiste sâapparente Ă un maĂźtre. Mais la maĂźtrise technique ne constitue pas le seul aspect de la relation Ă lâĆuvre, sinon lâartiste ne se distinguerait pas rĂ©ellement de lâartisan. Se demander si lâartiste est le maĂźtre de son Ćuvre revient donc Ă interroger la spĂ©cificitĂ© de la notion dâauteur et Ă voir si elle sâapparente une relation de maĂźtrise, entendue aussi comme contrĂŽle et possession de quelque chose. Or, si lâartiste est bien un maĂźtre dans son domaine, il ne va pas de soi quâil soit le maĂźtre de son Ćuvre dans la mesure oĂč elle lui Ă©chappe de plusieurs maniĂšres et câest, justement, en cela que rĂ©side la particularitĂ© de la dĂ©finition de lâartiste. En premier lieuâŠRetrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S Explication de texte RenĂ© Descartes, RĂšgles pour la direction de lâesprit, 1628Introduction/ est la meilleure mĂ©thode Ă adopter pour faire progresser les connaissances ? Y a-t-il des rĂšgles simples, facilement assimilables qui permettraient d'orienter toute recherche nouvelle ? Et si oui, pourquoi n'ont-elles pas Ă©tĂ© fixĂ©es par les Anciens ? Dans ce texte de jeunesse de Descartes, philosophe et mathĂ©maticien, texte extrait des RĂšgles pour la direction de l'esprit, apparaĂźt dĂ©jĂ tout l'enthousiasme du futur auteur du Discours de la mĂ©thode. Le pĂšre du rationalisme y propose en effet un nouveau paradigme pour fonder notre savoir le paradigme mathĂ©matique. Pourtant Platon avait dĂ©jĂ affirmer l'importance de la connaissance des mathĂ©matiques comme condition de la connaissance puisqu'il avait fait graver au fronton de l'AcadĂ©mie "Que nul n'entre ici s'il est gĂ©omĂštre". En quoi donc le texte de Descartes est-il rĂ©ellement innovant ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Les Ă©changes sont-ils toujours intĂ©ressĂ©s ?Introduction/ dĂ©finition, lâĂ©change reprĂ©sente un acte de transaction entre au moins deux parties lâune donne quelque chose un objet, un bien, un service, une parole et reçoit en retour quelque chose de la part de lâautre, et rĂ©ciproquement. Or, lorsque lâon donne en vue de recevoir, cela prĂ©suppose que nous avons effectuĂ© une sorte de calcul Ă lâavance et que nous avons prĂ©vu dâobtenir quelque chose, de tirer avantage de la situation. Autrement dit, nous sommes intĂ©ressĂ©s Ă lâĂ©change, nous satisfaisons un intĂ©rĂȘt propre en Ă©changeant avec autrui, lâintĂ©rĂȘt dĂ©signant lâavantage que nous espĂ©rons pour nous-mĂȘmes. Lâexemple type est, bien entendu, celui de lâĂ©change au sens Ă©conomique du terme qui nâest jamais gratuit, donc jamais peut-on toujours rapporter lâĂ©change Ă la poursuite dâun intĂ©rĂȘt ? Il semble que cela ne soit pas exemple, lâĂ©change verbal â la communication â nâest pas toujours orientĂ©e par la recherche de lâintĂ©rĂȘt personnel. Il nous arrive de parler pour le plaisir de parler sans que nous ayons par avance dĂ©terminer ce que cela allait nous rapporter. Mais, prĂ©cisĂ©ment, dans ce cas, ne sâagit-il pas dâune forme dâillusion que de croire quâun Ă©change puisse ainsi ĂȘtre dĂ©sintĂ©ressĂ© ? Ne faut-il pas affirmer que nous avons toujours un intĂ©rĂȘt quelconque, mĂȘme inconscient, Ă pratiquer lâĂ©change ? Ă moins que nous puissions proposer une autre dĂ©finition de lâĂ©change, qui nâimpliquerait pas nĂ©cessairement une rĂ©ciprocitĂ© automatique entre les parties et, dans ce cas-lĂ , lâĂ©change pourrait peut-ĂȘtre se rapprocher de la dĂ©finition du le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Une vĂ©ritĂ© peut-elle ĂȘtre dĂ©finitive ?Introduction/ProblĂ©matisation. La question peut, Ă premiĂšre vue, semblĂ©e curieuse. En effet, une vĂ©ritĂ© est une affirmation conforme Ă la rĂ©alitĂ© qui, pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme telle, doit ĂȘtre valable universellement tout le temps, partout et pour tout le monde. Le fait quâelle soit dĂ©finitive est impliquĂ© par sa dĂ©finition mĂȘme. Une vĂ©ritĂ© qui changerait avec le temps ne serait quâune opinion provisoirement considĂ©rĂ©e comme vraie, câest-Ă -dire seulement vraisemblable ou probable, et donc pas rĂ©ellement une disposons-nous de telles vĂ©ritĂ©s ? Lâhistoire du progrĂšs des connaissances et de la science fourmille dâexemples de prĂ©tendues vĂ©ritĂ©s considĂ©rĂ©es comme telles pendant des siĂšcles soudainement contestĂ©es, abandonnĂ©es et remplacĂ©es par dâautres. Quelle garantie avons-nous donc du caractĂšre dĂ©finitif de nos vĂ©ritĂ©s ? Une vĂ©ritĂ© nâest-elle pas toujours provisoire, autrement dit nâest-elle valable que tant quâelle nous rend service ou quâil nâa pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© quâelle Ă©tait fausse ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Explication de texte Gorgias, PlatonRĂ©ponse Ă la premiĂšre question La thĂšse de ce texte est originale Socrate amĂšne son interlocuteur Ă reconnaĂźtre que celui qui commet lâinjustice et qui en tire des bĂ©nĂ©fices est, en rĂ©alitĂ©, plus malheureux encore que sa victime. Ou pour le dire autrement, lâinjuste est aussi victime de son injustice. Cette thĂšse sâaccorde bien Ă une autre remarque de Socrate selon laquelle il vaut mieux subir lâinjustice que de la Socrate, Ă©chapper Ă la punition nâest pas une chance mais une tragĂ©die. Pour le montrer, il fait un parallĂšle avec le cas de la maladie quand on est malade, rien de mieux ne peut nous arriver que dâĂȘtre guĂ©ri, mĂȘme si le traitement est douloureux. Il en est de mĂȘme avec lâinjustice le chĂątiment nous guĂ©rit de lâinjustice en nous faisant connaĂźtre en quoi consiste la le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxAvertissement il ne sâagit ici que de pistes de rĂ©flexion et non dâune copie type nĂ©cessairement attendue par vos correcteurs. Dâautres approches, dâautres thĂšses et arguments sont du Bac Ă©preuves / Les sujets probables du Bac / Les rĂ©sultats du Bac
Peut-on soutenir que la vĂ©ritĂ© change avec le temps ? Saint Thomas dĂ©finit la vĂ©ritĂ© comme Ă©tant une adĂ©quation de la chose et de l'esprit ». On a coutume de dire que la vĂ©ritĂ© concerne l'ordre du discours, elle consiste en fait en l'adĂ©quation entre celui-ci et le rĂ©el. La vĂ©ritĂ© est l'expresion par la parole de ce qui est dans le sens de l'ĂȘtre humain. Pour s'accorder avec la morale, on dĂ©fend la vĂ©racitĂ© comme la vertu de celui qui dit la vĂ©ritĂ©, donc, celui-ci mĂȘme qui ne ment pas dans l'absolu. Le menteur, dont la seule entreprise est de tromper, dit intentionnellement le faux. Or la vĂ©ritĂ© Ă©tant une base des fondements humains, et en considĂ©rant la vertu de vĂ©racitĂ©, on ne peut donc pas se baser sur un mensonge et a forciori sur le menteur. Chaque ayant pour dessein la connaissance pourrait considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme un IdĂ©al et parfois une chymĂšre. D'ailleurs toutes les sciences, dans leur domaines respectifs et exclusifs, recherchent la vĂ©ritĂ©. De plus la vĂ©ritĂ© Ă©tant l'instigatrice d'une vertu elle est donc une valeur et ne peut pas appartenir aux choses. On pourrait aussi supposer qu'il existe plusieurs vĂ©ritĂ©s Ă©tant donnĂ© qu'il existe plusieurs domaines d'existence de la rĂ©flexion. Le fait que la vĂ©ritĂ© change avec le temps peut nous entrainer vers une rĂ©flexion sur le rĂ©el sujet du temps. Tout change tout le temps et toujours, pourrait-on naĂŻvement avancer. Dans un monde soumis au lois d'une relativitĂ© certaine, le changement et le fardeau de toute chose, il l'emporte de la naissance, l'accompagne Ă la croissance puis observe sa mort. Pourquoi en demeurerait-il autrement au sujet de la vĂ©ritĂ© ? L 'une des caractĂ©ristiques phares de la nature est le fait que rien ne puisse subsister sans changement. Enfin, pour trouver une vĂ©ritĂ©, encore faudrait-il trouver quelqu'un qui connaisse la vĂ©ritĂ©. Ne pourrait-on pas supposer que la vĂ©ritĂ© seule et unique n'existe pas ? Le simple fait de dire Avant, je croyais que ... » nous prouve que la vĂ©ritĂ© ne persiste pas en son Ă©tat. Et la simple tournure intĂ©rrogative Qui a raison ? » nous montre bien que l'assurance de l'existence de la vĂ©ritĂ© est un mensonge en soi. Ainsi, comment concilier la relativitĂ© et les faits nouveaux dans le temps avec la recherche de la vĂ©ritĂ© ? Sommes nous uniquement soumis Ă des vĂ©ritĂ©s provisoires ? Ou bien devrait-on Ă©tablir une distinction entre une vĂ©ritĂ© absolue et les vĂ©ritĂ©s provisoires ? Le monde est en perpĂ©tuelle Ă©volution. Il ne cesse de se transformer et soumet les choses dans ses transformations. Ainsi si l'on affirme Il pleut » alors qu'il pleut effectivement. L'affirmation ennoncĂ©e est donc une vĂ©ritĂ© car il s'agit d'une interprĂ©tation de la raison d'une vision extĂ©rieure que l'on traduit par le langage. Cependant dĂšs lors qu'il ne pleut plus, l'affirmation prĂ©cĂ©dente ne tient plus elle perd son statut de vĂ©ritĂ©, et si elle est retransmise dans le prĂ©sent elle devient un mensonge donc n'existe pas. Ainsi le fait que la vĂ©ritĂ© soit en quelque sorte Ă©phĂ©mĂšre ne dĂ©cribiliserait-il pas cette notion en elle mĂȘme ? Cette perte de confiance » en la vĂ©ritĂ© a d'ailleurs entrainĂ© trĂšs rapidement un comportement de retrait vis Ă vis de la vĂ©ritĂ© de la part des Hommes. Ce sentiment de retrait entraĂźne la notion de septicisme. Le septicisme est le fait de douter du fait que l'Homme puisse un jour accĂ©der Ă la vĂ©ritĂ©. Le sceptique en arrive mĂȘme Ă remettre en question l'existence d'une vĂ©ritĂ© stable, seule vĂ©ritĂ© qui pourrait Ă toutes fins mettre en accord les esprits humains. En avançant le fait que d'une rĂ©gion du monde Ă l'autre les façons de penser et de raisonner changent, il est vrai qu'il ait compliquĂ© de trouver un accord sur une vĂ©ritĂ© unique et universelle. L'autre aspect du problĂšme serait de trouver une vĂ©ritĂ© durable qui pourrait se perpĂ©tuer au travers des Ăąges et crĂ©er la cohĂ©sion des hommes. En effet, envisager que l'on se base tous les jours et Ă chaque instants sur quelquechose d'Ă©phĂ©mĂšre et quelque peu effrayant. Imaginons simplement que l'ont eu finit par adopter, il y a bien des siĂšcles, que la Terre Ă©tait plate et qu'elle flottait dans le vide ; Aurait-on pu aujourd'hui Ă©tablir les thĂ©ories de physiques dont on pense qu'elles gouvernent le monde et l'espace de notre temps ? Certainement pas. On ne serait donc pas condamner Ă vivre avec des vĂ©ritĂ©s provisoires et totalemnt inutiles dĂšs leur temps contemporain Ă©coulĂ©. Disons alors que la vĂ©ritĂ© mĂȘme durable n'est que spĂ©cifique et qu'elle ne voit le jour que par un consensus d'expĂ©riences scientifiques. L'idĂ©e pourrait ĂȘtre que la vĂ©ritĂ© n'existe que par rapport aux Hommes et uniquement pour les Hommes. On pourrait presque penser au relativisme, ce qui laisserait croire que les croyances, les vĂ©ritĂ©s spĂ©cifiques et les vision humaines de la vĂ©ritĂ© n'ont en rĂ©alitĂ© aucune rĂ©fĂ©rences. L'Homme est la mesure de toute chose » disait Protagoras, donc la vĂ©ritĂ© serait modulable uniquement en fonction de l'esprit des Hommes et donc une vĂ©ritĂ© au delĂ de l'esprit humain ne serait donc pas envisageable. Il est inĂ©vitable qu'une distinction s'impose entre les vĂ©ritĂ©s absolues et provisoires. Les vĂ©ritĂ©s absolues sont dĂ©montrĂ©es par les lois scientifiques qui rĂ©gissent notre temps. Elles sont malĂ©ables autant que les lois scientifiques le sont. Cependant les vĂ©ritĂ©s provisoires, elles, ne sont vĂ©rifiables que par une simple constatation de faits et une analyse commune de la raison de chaque individu. Il se pourrait qu'il y ait autant de vĂ©ritĂ©s provisoires que d'uindividu sur la planĂšte. De plus la distinction entre ces deux vĂ©ritĂ©s peut se faire par leur durĂ©e. Une vĂ©ritĂ© absolue aura toujours sa part de vrai quand une vĂ©ritĂ© provisoire pourra s'Ă©teindre complĂštement. Ceci vient du fait que k'une est dĂ©montrĂ©e et donc formelle, quand l'autre ne l'est pas. On peut donc, sans crainte, constater que les vĂ©ritĂ©s ne sont pas immuables. Elles ont leurs limites dans l'espace temps. Ce constat ne porte toutefois pas prĂ©judices Ă leur nature soit Ă leur vĂ©racitĂ©. Dans l'expension du sens de vĂ©ritĂ©, on pourrait en Ă©tablir qui ne change pas, ce sont les croyances. Cependant, n'Ă©tant qu'une interprĂ©tation idĂ©ologique et non concrĂšte d'une rĂ©alitĂ© elle aussi abstraite, il est difficile de les Ă©tablirs en tant que rĂ©elles vĂ©ritĂ©s. Certaines vĂ©ritĂ©s sont relatives et ne sont donc pas absolues, d'autres le sont. Tout simplement car l'absolu est » et la vĂ©ritĂ© relative, elle, devient ». Il est donc difficile de soutenir le fait que la vĂ©ritĂ© relative ne change pas avec le temps. Seul la vĂ©ritĂ© de l'Ătre en son essence mĂȘme pourrait ne pas changer.
peut on soutenir que la verité n existe pas